La sénatrice Kamala Harris, candidate à la primaire démocrate aux Etats-Unis, s’impose pas à pas sur le devant de la scène pour faire face à Donald Trump en 2020.
« Cette petite fille, c’était moi. » Kamala Harris a mouché Joe Biden lors du débat du 27 juin qui opposait la moitié des candidats démocrates à l’investiture pour la présidence des Etats-Unis en 2020. Elle s’est adressée à lui sur un ton ferme sans agressivité pour lui rappeler, et surtout rappeler aux millions de spectateurs, qu’il s’était opposé dans les années 1970 aux transports des enfants noirs en bus vers l’école publique, une initiative visant à réduire les inégalités au lendemain de la fin de la ségrégation. Grâce à ce commentaire, où elle explique qu’elle a fait partie de la deuxième classe de son école qui intégrait des personnes noires, et grâce à l’ensemble de ses interventions dans ce débat, Kamala Harris s’est imposée comme une alternative de plus en plus crédible pour faire face à Trump en 2020.
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La devise qui accompagne sa campagne présidentielle « For the people » (« pour le peuple ») est un engagement qui est loin d’être nouveau pour la candidate démocrate. Fille de deux immigrants, une femme indienne et un homme jamaïcain, Kamala Harris est souvent présentée comme l’ancienne procureure de Californie. De 2011 à 2017, la femme aujourd’hui âgée de 54 ans s’est démarquée par ses positions visant toujours à améliorer les conditions de vie du peuple. Que ce soit sur l’état des prisons californiennes – le mauvais traitement des prisonniers, à cause de la surpopulation ou de leur identité de genre -, sur les emprunts pour les logements à la suite de la crise de 2008 ou encore sur la justice des mineures, pour lesquels elle a créé une agence spécialisée en 2015. Déjà en tant que procureure du district de San Francisco, de 2004 à 2011, elle montrait une volonté de rendre ce territoire plus juste et inclusif. Elle s’est opposée à deux propositions de modifications de la constitution californienne qui limitait le mariage à deux personnes de sexe opposé. Elle a également créé une équipe chargée de poursuivre en justice les agresseurs des personnes LGBT dans les écoles.
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Elle est pour le contrôle des armes et n’a pas peur de le dire
Ses opinions diamétralement opposées à celles de Donald Trump pourraient permettre de polariser les avis des électeurs en 2020. Elle n’est pas effrayée à l’idée de déclarer clairement qu’elle mettrait en branle le sacro-saint deuxième amendement qui garantit aux Américains le droit d’avoir des armes. Sans l’éradiquer, elle a tout de même promis que si, dans les 100 jours après son élection, une loi pour une véritable sécurité concernant les armes à feu n’était pas passée, elle prendrait les devants, probablement en signant des décrets présidentiels. Elle a détaillé les actions qu’elle aimerait entreprendre à ce sujet : vérifier les antécédents pour quiconque vendraient plus de cinq armes par an, retirer le permis de toute personne qui viole la loi et remettre les fugitifs – que Donald Trump avait retirés – sur la liste des personnes qui ne peuvent pas acheter d’armes. Le but de telles mesures est notamment d’arrêter les fusillades dans les écoles. C’est avec cet argument que Kamala Harris espère convaincre les électeurs, qu’ils se disent démocrates ou républicains. Depuis le début de l’année 2019, la plateforme Gun Violence Archive a recensé 191 fusillades de masse – soit plus d’une par jour – et les armes à feu ont déjà causé plus de 6 900 morts.
L’ancienne procureure a également eu l’occasion de montrer qu’elle pourrait s’imposer en débat face à Trump, notamment lorsqu’elle a été élue sénatrice en 2016. A plusieurs reprises, lors d’auditions au Sénat, Kamala Harris a mis K.O. des proches de Donald Trump, en les mettant simplement devant leurs contradictions. En juin 2017, l’avocat général des Etats-Unis de l’époque, Jeff Sessions, était entendu par le Sénat à propos des liens avec la Russie pendant la campagne présidentielle de Donald Trump. Face aux questions de la sénatrice, Jeff Sessions s’est avoué « nerveux ». En septembre 2018, c’est au tour de Brett Kavanaugh, juge à la Cour suprême, de passer sur le banc des auditionnés. Rebelote, l’homme se retrouve désemparé face à une Kamala Harris détendue et sûre d’elle. L’épisode avec Joe Biden pendant le débat concernant ses déclarations à propos de ses anciens collègues ségrégationnistes n’était pas sans rappeler ces moments au Sénat où Kamala Harris, deuxième femme noire à intégrer la chambre haute des Etats-Unis, leur a cloué le bec. A quand le tour de Donald Trump ?
Celle qui est présentée par de nombreux médias américains comme la gagnante du débat du 27 juin a, en théorie, plusieurs cordes à son arc pour convaincre, en première partie les Démocrates, puis, pourquoi pas le reste des électeurs. Dans l’émission The Daily Show, en février, elle expliquait vouloir être la candidate qui répond aux questions des citoyens qui se réveillent la nuit avec certaines angoisses : « Est-ce que je vais garder mon travail ? », « Est-ce que je vais réussir à payer les factures avant la fin du mois ? », « Vais-je parvenir à payer mon prêt étudiant ? » Pour le moment, Kamala Harris se place en quatrième position dans les sondages… mais il n’y a pas encore eu de sondage réalisé après le débat du 28 juin.
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