Militante conservatrice anti-avortement, et anti-LGBTQ, en 2013, elle déclarait que l’avortement légal avait des conséquences plus graves que la Shoah. C’est pourtant elle, Penny Nance, que Donald Trump a choisie pour promouvoir les droits des femmes dans le monde.
Difficile de croire que Barack Obama avait imaginé ça quand il a créé le poste d’ambassadrice pour les droits des femmes en 2009. Penny Nance, militante conservatrice anti-avortement et opposante aux droits LGBT a été choisie par Donald Trump pour le job, sa nomination doit encore être confirmée par le Sénat. Après l’ex-sénatrice Catherine Russell, elle sera chargée de promouvoir les droits des femmes aux Etats-Unis, mais aussi dans le monde, en faisant le lien entre le gouvernement et les secteurs publics et privés.
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Depuis cette révélation du site Politico, de nombreuses voix s’élèvent contre cette possible nomination. Et pour cause, la réputation de Penny Nance la précède. Cette conservatrice évangéliste continue de se raccrocher à des théories sans valeur scientifique selon lesquelles la sécurité et le bien-être des femmes seraient mis en danger par l’avortement.
Une militante pro-vie convaincue
En 2013, Nance a publié une tribune dans The Christian Post dans laquelle elle compare l’avortement à la Shoah en dressant un parallèle entre les fœtus avortés et les victimes du génocide :
“L’avortement est le combat des droits de l’homme le plus important de notre époque. Pour la génération de nos grands-parents, la Shoah était la pire atrocité commise contre l’humanité. Près d’un million et demi d’enfants juifs ont été tués dans le génocide nazi. Ce qui est honteux, c’est que, depuis longtemps, l’Amérique a largement dépassé ce nombre de vies perdues à cause d’un cruel génocide », écrivait-elle.
Deux ans plus tard, l’auteure de Feisty and Feminine : A Rallying Cry for Conservative Women (« Fougueuses et féminines : un cri de ralliement pour les femmes conservatrices ») donne une interview à Fox News dans laquelle elle critiquait le dessin animé La Reine des neiges, qui, selon elle, montre des personnages féminins forts, mais dépeint les hommes en criminels et en idiots. « Nous voulons élever des héros. Nous voulons élever de vrais hommes qui feront de bons pères qui subviennent aux besoins de leurs familles et font de bons maris », martèle-t-elle alors en expliquant que l’émancipation des femmes « ne doit pas se faire en rabaissant les hommes ». « Nous voulons encourager la masculinité, pas la diaboliser », conclut-elle. A plusieurs reprises, elle a affirmé que la culture américaine contenait trop de messages anti-hommes.
Une opposante aux droits LGBTQ
Jusqu’ici Penny Nance était la présidente de l’organisation chrétienne Concerned Women for America (« Femmes inquiètes pour l’Amérique »), dont le but est de « protéger et promouvoir les valeurs bibliques et les principes constitutionnels à travers la prière, l’éducation et le militantisme », si l’on en croit son site internet. « Dieu a créé le mariage entre un homme et une femme », peut-on aussi lire. Un mouvement classé parmi les groupes combattant violemment les droits LGBTQ par le Southern Poverty law Centre, une association qui surveille les groupes haineux et extrémistes en alertant les médias sur leurs agissements.
Au début des années 1990, le Concerned Women For America s’opposait au renouvellement de la loi de 1994 luttant contre les violences faites aux femmes, au motif qu’elle « crée de nouvelles protections pour les homosexuelles » et qualifiant de controversée « l’inclusion de divers genres et identités sexuelles ». En 2015, elle avait pris la défense d’une greffière du Kentucky qui refusait de marier des couples homosexuels malgré la décision de la Cour Suprême.
Un parcours qui explique les controverses que suscite sa nomination en tant qu’ambassadrice des droits des femmes. Mettre Penny Nance à ce poste, c’est comme « mettre un pyromane à la tête d’une caserne de pompiers », a dénoncé Dawn Laguens, la porte-parole du planning familial ajoutant que le choix de Donald Trump révèle « son profond dédain pour la santé des femmes et leur vie ».
« Son expérience et son parcours ne révèlent pas une implication pour l’égalité des sexes », a déclaré Heather Higginbottom, la cheffe des opérations de CARE USA, une ONG qui lutte contre la pauvreté, et surtout celle des femmes. « Elle ne devrait pas être l’ambassadrice du gouvernement américain de ces questions dans le monde », a-t-elle insisté.
De leur côté, les associations LGBTQ sont aussi inquiètes. « Son organisation a attaqué et contrecarré les avancées pour les LGBTQ, en donnant essentiellement aux harceleurs le feu vert pour attaquer les jeunes LGBTQ et les autres enfants vulnérables », a déploré JoDee Winterhof de Human Rights Campaign.
Une chose est sûre, le profil de Penny Nance détonne fortement avec celui de la première femme à occuper ce poste. En 2009, Hillary Clinton, alors secrétaire d’Etat, avait nommé Melanne Verveer dont la carrière avait été bâtie sur la défense des droits des femmes, et leur développement social et et économique.
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