Une longue enquête du New-Yorker vient de révéler les pratiques de Harvey Levin, le paparazzi le plus influent d’Amérique. Son empire? Le site people TMZ. Ses armes ? Le chantage et les pots de vin aux gardes du corps, chauffeurs de limo ou employés de compagnies aériennes sur toutes personnes susceptibles de détenir des infos juteuses.
« Je voudrais le voir agoniser dans mes bras ». Alec Baldwin ne mâche pas ses mots quand il évoque Harvey Levin. En 2009, le célèbre paparazzi a ruiné sa vie, en balançant sur son site dédié à la vie des stars un message téléphonique où l’acteur traitait sa fille de « petit cochon étourdi et mal élevé ». Dans l’article du New Yorker, une enquête de deux ans sur le site américain qui vient d’être publiée, l’acteur de 30 Rock renchérit : « Il fût un temps où mon souhait le plus grand était de poignarder Harvey Levin avec un instrument rouillé et de regarder mon avant-bras disparaitre au fond de ses entrailles ».
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Champion des révélations chaudes
Si ce fantasme de mort violente semble disproportionné, il rejoint la litanie de plaintes émanant de stars outragées. En dix ans, le site people TMZ est devenu le champion des révélations chaudes et des informations de première main sur les célébrités à Hollywood. Parmi ses faits de gloire : l’arrestation de Mel Gibson en état d’ivresse et ses propos antisémites, les violences conjugales de Rihanna versus Chris Brown, la boule à zéro de Britney Spears et surtout l’info qui l’a lancé : le décès de Mickaël Jackson annoncée une heure avant tous les médias traditionnels.
https://www.youtube.com/watch?v=a0F0VZakDx0
Entre la pythie grecque et la concierge d’immeuble trop zélée, Harvey Levin fait la pluie et le beau temps à Hollywood, voire bien au-delà, par exemple quand il balance la vidéo de la sœur de Beyonce agressant Jay Z dans un ascenseur, provoquant un buzz planétaire. Cette science du commérage décomplexé puise paradoxalement dans une fine connaissance du Droit. Ex-avocat, qui a exercé un temps à Los angeles, cet homme de 65 ans a finalement atterri à la radio puis à la télévision dans les années 80, comme animateur d’émissions juridiques. Mettant son expertise d’homme de loi à profit, il se livre à de brillantes démonstrations racoleuses, avant d’accéder à la célébrité grâce à l’affaire OJ Simpson accusé d’avoir tué son ex- femme et l’amant de celle-ci.
Une agence de renseignements à lui tout seul
Devenu chroniqueur vedette, Levin se jette à corps perdu dans le monde merveilleux de la télé-réalité criminelle (The People court, Celebrity justice), raccrochant officiellement sa robe d’avocat. Mais c’est en 2005 que survient la grande opportunité de sa vie, avec la création de TMZ : une co-entreprise médiatique entre AOL et Télépictures sur l’actualité des célébrités.
Avec ses millions d’abonnés (3,7 sur Twitter et 5,2 de likes sur Facebook), le site people offre une plateforme de vidéos promotionnelles, de photos de stars dénudées et d’images intrusives : Kanye West à l’aéroport pétant les plombs contre un cameraman; Rob Kardashian se trémoussant dans l’émission de télé-réalité « Dance with the star » ; un concours de fesses entre Blac Chyna, Gwyneth Paltrow et Amber Rose… Mais aussi une série de photos sexy d’Abraham Lincoln, grâce à un ingénieux photo-montage. Une vitrine somme toute assez inoffensive derrière laquelle se cache un véritable empire où chaque renseignement se monnaye chèrement, usant de vilaines méthodes. S’il a « réinventé » le monde du commérage, repoussant ses limites décentes, on reproche aujourd’hui à Harvey Levin d’être allé trop loin : des accusations qui comparent son site d’informations à une entreprise mafieuse, une « agence de renseignements », écrit le New Yorker, qui emploie des moyens illégaux pour abreuver son site en scoop.
Le roi des pots de vin
L’homme qui paradait en novembre 2014 dans le magazine Lui, dans sa maison de Venice Beach aux côtés de son compagnon, n’éprouve visiblement aucun état d’âme à faire chanter (au sens figuré) Justin Bieber (lui extorquant des clichés exclusifs de son couple contre la promesse de ne pas divulguer une vidéo où la star à mèche professe des insultes racistes et finalement de la poster quand même), ou encore de soudoyer gardes du corps, chauffeurs de limo et employés de ligne aérienne, ou toute autre personne ayant approché de près une star, contre de bons tuyaux. Parmi les innombrables cas cités par le journaliste Nicholas Schmidle, et relayé par la presse américaine en ce début de semaine, deux vidéos du joueur de basket-ball Ray Rice ont été achetées 100 000 dollars à un agent de sécurité d’un hôtel d’Atlantic City.
La vidéo de Bieber, alors âgé de quinze ans, a quant à elle été acquise pour 80 000 petits billets. Une bagatelle au regard des 55 millions de dollars de chiffre d’affaires réalisé par TMZ, ainsi que la diversité de ses pôles : un site internet, une émission télé sur la Fox, un réseau de visites guidées en bus à Hollywood, des achats dans le milieu du sport et de la comédie musicale… Pourtant, avec ces révélations, qui relancent le débat sur les lois « anti-paparazzi » votées déjà dans plusieurs états, c’est le plus grand stalker de célébrités des Etats-Unis qui risque bien à son tour d’être traqué.
Emily Barnett
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