S’il est présenté comme l’un des favoris à l’élection présidentielle dans les sondages, une partie de la population semble effectivement séduite par Emmanuel Macron : les jeunes. Rencontre avec le co-fondateur du mouvement « Les Jeunes avec Macron ».
“On va gagner.” Lorsque Florian Humez, 25 ans, fait des pronostics sur l’élection présidentielle, il imagine un second tour Fillon-Macron ou même Le Pen-Macron, avec une seule issue : la “victoire nette” de l’ancien ministre de l’Economie. Ce jeune militant qui a grandi en Normandie, issu d’une famille d’ouvriers, est un des fondateurs avec trois amis des Jeunes avec Macron, mouvement né en juin 2015 pendant la loi Macron, pour la défendre et la promouvoir. Et finalement, dans le but de faire accéder à l’Elysée le candidat d’En marche. Mais pourquoi ?
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« Il casse les codes. On assiste, depuis un certain temps maintenant, à un véritable rejet du système. Et on a enfin quelqu’un qui propose de faire autrement, sans tomber dans des extrêmes« , expose Florian depuis son bureau dans le XVe arrondissement. Le mouvement Les Jeunes avec Macron rassemble plus de 18 000 membres (des jeunes et des moins jeunes), et une équipe constituée principalement de bénévoles travaille d’arrache-pied sur trois étages dédiés dans un bâtiment du quartier Vaugirard.
Et ces 18 000 militants, ainsi que les 180 000 que compte En marche !, pensent qu’Emmanuel Macron incarne un renouveau et une certaine forme d’espoir. Un espoir qui pourrait se concrétiser dans quelques mois grâce, selon Florian, à « des compétences réelles, une vision unique et un rassemblement inédit« .
Être de gauche et travailler avec des gens de droite
“Je me sens de gauche dans ce mouvement autour de Macron. Mais ça ne m’empêche pas de travailler avec des gens de droite qui sont aussi dans ce mouvement”, admet le jeune militant qui a d’ailleurs toujours sa carte PS, engagé avec le MJS depuis 2012. Il fait d’ailleurs figure d’exception au sein de son mouvement, car 70 % des membres des Jeunes avec Macron (un pourcentage que l’on retrouve au sein d’En marche !) y signent leur toute première véritable expérience d’engagement citoyen.
Florian se tourne vers une collaboratrice, attablée devant un ordinateur : « Emma a 17 ans, elle est en stage chez nous, et il y a 6 mois elle n’avait jamais fait de politique. Aujourd’hui elle m’aide au niveau des territoires.” Selon lui, Emmanuel Macron incite la jeunesse à se réemparer de la chose politique, et donne à chacun les moyens de s’investir.
« Ils sont force de proposition, ont envie d’aller sur le terrain, sont enthousiastes et plein d’entrain même quand il fait moins 3 degrés. Ça change du bureau des pleurs du PS« , se réjouit Florian, qui souligne la liberté et l’autonomie totales dont il jouit à travers ce groupe, alors que son appellation utilise le nom d’un candidat à la présidentielle. Emmanuel Macron les a déjà rencontrés, les a félicités et les a encouragés. Sans jamais les encadrer, les reprendre ni les influencer, insiste-t-il.
« Donner à chacun la force de s’en sortir, ça me parle »
Florian croit intimement à l’émancipation par le travail et à l’égalité des chances, et il reconnaît ces convictions chez son champion.
« Quand on me dit qu’on peut faire plusieurs métiers dans sa vie, ça me parle, qu’on doit donner à chacun la chance de s’en sortir, ça me parle, qu’il faut faire en sorte que les gens puissent accéder par des formations à tout un tas de jobs, ça me parle aussi », énumère-t-il.
En école de commerce à Clermont-Ferrand, alors âgé de 19 ans, Florian est considéré « comme le petit gaucho de service« , parce qu’il soutient Hollande face à Sarkozy. Encore aujourd’hui, il se dit profondément offusqué par le discours de Grenoble de ce dernier en 2010, et marqué par sa politique migratoire extrêmement ferme. “Je jouais au foot avec des gars de confession musulmane. Ils faisaient le ramadan. Le soir on arrêtait l’entraînement pour qu’ils puissent boire et manger à la tombée de la nuit, et ça ne dérangeait personne. Tout le monde vivait très bien ensemble.”
Aujourdhui, il se félicite que son mouvement compte « des éducateurs sportifs comme des intermittents, des artisans boulangers, des étudiants, des actifs », quand « dans n’importe quel mouvement politique traditionnel français,on retrouve des jeunes en fac d’histoire, fac de droit, quelques-uns issus d’école de commerce, bref, des profils très stéréotypés ». Les Jeunes avec Macron veut montrer « une France ouverte, qui s’écoute et s’entraide« .
Pas de programme, mais une vision ?
« On parle pas de programme ici, on parle de propositions et de vision. C’est surtout une philosophie. La philosophie de la liberté, et la volonté de donner un sentiment d’équité à chacun« , annonce Florian. Quand on lui fait remarquer que c’est quand même un peu flou, il réplique :
« Ce qu’il a dit sur l’éducation me plaît, sa volonté de dédoubler en zones sensibles les classes de CP et de primaire afin que les enfants soient le mieux suivis possible dans un moment clé de l’apprentissage. Au niveau de la santé, aussi, un truc tout bête, mais il veut que les lunettes soient prises en charge à 100 % par la Sécu. Plein de choses qui peuvent paraître être du bon sens, qui faciliteraient la vie de tous et permettraient à chacun d’être mieux accompagné dans la vie. Le statut des indépendants et la question du RSI, également. Ils cotisent toute leur vie et n’ont pas de retraite, c’est quand même aberrant. Donner aux gens qui ont la volonté de créer leur entreprise, des sécurités, c’est une bonne chose. Ou donner le droit au chômage en cas de démission, c’est une bonne chose aussi, selon moi. »
Selon lui, contre le déclinisme social, et même sécuritaire, Macron a des solutions. Qu’il soit passé par le privé et n’ait pas commencé comme élu local de sa ville natale ne dérange pas Florian, bien au contraire. Il rappelle qu’il a été nommé ministre de l’Economie car il maîtrisait son sujet, que c’est « quand même mieux que ceux qui passent d’un ministère à l’autre indifféremment, comme Fillon, ministre de tout et de rien« . Réponse à tout, Florian poursuit : « Et Henri Emmanuelli, qui n’est quand même pas le plus à droite des socialistes, lui aussi est passé par Rothschild. Ça ne gêne personne« .
Donc oui, un Emmanuel Macron au pouvoir « pourrait constituer un gouvernement de non-politiques » composé de « gens qui connaissent leurs dossiers« , répète le jeune militant. « Il y a une véritable attente des Français. Et ils sont en droit d’exiger plus de pertinence et de crédibilité, déclare-t-il. Alors non, Emmanuel ne va pas changer la face du pays du jour au lendemain, mais c’est un mec brillant, qui a une méthode de travail différente, qui veut casser ce système basé sur un parcours initiatique et linéaire« .
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