Raciste, antisémite et se qualifiant lui-même de « fasciste », Christopher Cantwell a affirmé dans le documentaire de « Vice News » qu’il était près à « tuer » les opposants à la manifestation de Charlottesville. Depuis, il a diffusé une vidéo où on le voit en larmes défendre que celle-ci était pacifique et respectueuse de la loi…
Jusqu’à ce que son fringant minois apparaisse dans le documentaire de Vice News sur la manifestation raciste de Charlottesville (Virginie), Christopher Cantwell était quasiment inconnu du grand public, aux Etats-Unis et a fortioti dans le monde. Mais ses déclarations hallucinantes au micro de la journaliste Elle Reeve lui ont valu une triste postérité. En toute tranquillité, ce porte-parole de « Unite the Right » – c’est le nom de la manifestation qui avait pour but de protester contre le retrait de la statue du général sudiste Robert Lee – explique sur un coin de table que tous les Noirs américains assassinés par des policiers blancs ces dernières années – Trayvon Martin, Michael Brown, Tamir Rice… – sont « des petits cons noirs qui se comportent comme des sauvages et qui se mettent dans de sales draps tous seuls de manière assez incroyable ». Dans la foulée, il affirme qu’il s’efforce de se rendre « davantage capable de violence » en faisant de l’exercice et en s’armant, et reproche à Donald Trump d’avoir « donné sa fille à un juif » [Jared Kushner, marié à Ivanka Trump, ndlr]. (Voir la vidéo à partir de 2 min 45)
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Quelques instants plus tard, après un début d’affrontement avec des opposants, on le retrouve en train de s’asperger le visage de lait, parce qu’il s’est fait « gazer par des communistes ». Son fan club, autour de lui, clame : « Heil Cantwell! ». Très énervé par la présence des opposants anti-racistes, il s’épanche devant la caméra, se faisant menaçant : « Quoique vous pensiez des mes idées, leur présence vous met en danger! […] Nous ne sommes pas non-violents, nous tuerons ces putains de personnes s’il le faut ». A la fin du documentaire, il prouve qu’il peut joindre le geste à la parole, puisqu’il déballe devant la caméra son arsenal composé d’une mitraillette, de plusieurs pistolets et d’un couteau fièrement.
Quand le dur à cuir se met soudainement à pleurnicher
Quelques jours plus tard pourtant, après l’attaque à la voiture bélier qui a fait une victime et une vingtaine de blessés parmi les opposants le jour de la manifestation (et don il s’est félicité sur Facebook), Christopher Cantwell a posté une vidéo sur les réseaux sociaux, dans laquelle il est beaucoup moins bravache. Persuadé qu’il est sous mandat d’arrêt (il a reconnu depuis que ce n’était pas le cas), et qu’il risque d’être abattu, il se dit « terrifié » et se défend de toute velléité de violence :
« Je veux être calme, respectueux de la loi, ok ? Je regarde CNN et je vois qu’ils parlent d’une manifestation violente de suprématistes blancs ! Nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour que cette manifestation soit pacifique […] Nos ennemis ne s’arrêteront pas, ils nous menacent partout. Quelles sont les options qui nous restent ? »
Il implore la police de venir le chercher, sans le tuer pour autant, et explique qu’il est près à aller en prison, « ce ne sera pas la putain de première fois ».
Du libertarianisme au fascisme
En effet, ce néo-nazi de 37 ans originaire de Stony Brook, près de New York, a déjà fait un séjour dans les geôles américaines pour port d’arme non autorisé, recel et conduite sous drogues en 2000. Condamné à six mois de prison, il dit en avoir purgé quatre, comme le rapporte Southern Poverty Law Center.
Son parcours politique commence chez les libertariens, après qu’il a assisté à un rassemblement du Tea Party. En 2009, il souhaite être candidat au Congrès pour la première circonscription de New York, en tant que libertarien (il a mis en ligne le site VoteforCantwell.com), mais échoue à recueillir le nombre de signatures nécessaire. La même année il est de nouveau condamné à 45 jours de prison pour conduite en état d’ivresse.
Pour se vouer entièrement à son militantisme au départ anarcho-capitaliste, Cantwell déménage alors pour Keene, dans le New Hampshire, un foyer d’activistes libertariens. En 2014, il a écrit un essai intitulé Renverser violemment l’Etat dans lequel il invite les « hommes et les femmes libres » à « tuer les agents de l’Etat ». Ce texte était encore présent sur son site, récemment devenu inaccessible. Depuis, comme il l’a affirmé au site HateWatch, son idéologie s’est radicalisée à l’extrême droite, et ses ennemis obsessionnels sont devenus « les Juifs, les Noirs et les gauchistes ». « Mon objectif est de normaliser le racisme », élucide-t-il. Son principal moyen d’y parvenir était jusqu’à présent un canal de live-stream baptisé « Radical Agenda ».
Avant de devenir la risée du web ces derniers jours en raison du contraste entre son attitude dans le documentaire de Vice News et celle qu’il adopte dans la vidéo où il se filme lui-même, Christopher Cantwell avait déjà fait l’objet d’une moquerie médiatique. C’était sa première (et brève) apparition sur le petit écran, en 2014, dans l’émission de Steven Colbert. Celui-ci tournait en dérision sa petite bande d’activiste rebaptisée la « Free Keene Squad » :
« Eliminer physiquement les démocrates et les communistes »
Depuis cette époque, cet apologiste du régime fasciste a essayé de s’endurcir. A la tête d’une petite troupe d’adeptes, il essaime les rassemblements néo-nazis, comme par exemple en juin 2017 lors d’un « Free Speech Rally » au Lincoln Memorial, à Washington. Dans son discours débité avec une agressivité forcée, il affirme tranquillement, à propos du conflit avec les « gauchistes » :
« Quand allons nous réaliser que la tranquillité d’une compétition méritocratique n’est plus dans la liste de nos options ? Quand allons nous commencer à éliminer physiquement les démocrates et les communistes […]? »
Parmi les thèses qu’il défend, on trouve aussi l’idée que les hommes blancs devraient être polygames pour augmenter le nombre de naissances de « bébés blancs »… En ce qui le concerne, la tâche semble être compliquée. Le site de rencontre OkCupid, s’étant rendu compte qu’il figurait parmi ses clients, l’a radié. « Il n’y a pas de place pour la haine là où l’on cherche l’amour », s’est fendu le compte Twitter du site.
We were alerted that white supremacist Chris Cantwell was on OkCupid. Within 10 minutes we banned him for life.
— OkCupid (@okcupid) August 17, 2017
{"type":"Banniere-Basse"}