Sympathisants ou vrais participants, ils racontent comment ils contribuent aux actions Anonymous. Portrait de Jellyfish, blog collectif à tentacules.
Dresser le portrait d’un être collectif muni de tentacules n’est pas chose facile. Jellyfish (“la méduse”) est né de la rencontre entre des hackers de Telecomix et le collectif de traduction AnonTranslator. Ensemble, ils bloguent sur le site des Inrocks depuis le début de l’année, pour mettre à portée de clic l’esprit “cyberpunk à chiens”.
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Jellyfish relaie des messages d’Anonymous, donne son avis sur la fermeture de Megaupload, récolte des photos de soutiens-gorges bleus pour venir en aide à la révolution égyptienne. Trois personnes écrivent ensemble leurs billets de blog dans un “pad”, document en ligne accessible à tous à condition d’avoir le lien. Des copains à eux leur donnent parfois un coup de main, un dessin à publier sur le blog, une vidéo passée inaperçue ailleurs.
C’est donc naturellement dans un pad qu’on les retrouve pour une interview débridée, où tout le monde répond en même temps, rajoute des commentaires entre parenthèses, efface et réécrit au fil de la réflexion. On tente de questionner leurs liens avec le mouvement Anonymous mais ils préviennent tout de suite : “Nous ne sommes pas légion, juste quelques-uns.” Un “cluster”, une grappe de potes sans chefs, sans obligations et dont les membres, si on peut parler de membres, se tournent vers d’autres clusters en fonction des opérations à mener.
Disanv, l’un des bouts de la méduse, voit Jellyfish comme “un outil d’apprentissage, de pédagogie, de réseautage aussi” pour toucher “un public inhabituel”. Le reste du temps, les tentacules de Jellyfish ont des occupations variées sur internet et dans la vie. Okhin anime des ateliers sur la cryptographie, a aidé à remettre internet en Egypte pendant la Révolution et parfois il mange des kiwis.
Leela “écrit peu pour l’instant, parce qu’il paraît que je roule bien les joints”. Par contre, elle traduit, tweete, retweete, aide à diffuser les informations. “Que vous croyez que c’est compliqué fait de nous les sex-symbols de la décennie”, rigole Disanv. Alors que c’est juste une bande de trolls.
Jellyfish, plus proche de Telecomix que des Anonymous, n’aime pas trop les attaques DDoS, qui rendent un site inaccessible à force de requêtes. Ni les défaçages, où des hackers modifient l’apparence d’un site en y intégrant leur message. Ils élèvent au rang de priorités absolues la liberté et la circulation de l’information. Okhin, l’un des Jellyfish, explicite :
“On n’est pas là pour casser, mais pour construire et réparer les internets. Le DDoS c’est arracher les cordes vocales de quelqu’un puis lui hurler dessus et le piétiner. Le défacer c’est lui coller un poster sur la tête et l’empêcher de parler. Ce sont deux atteintes à la liberté d’expression.”
Pour autant, ils rendent hommage à l’héritage des Anonymous dans la lutte contre la loi Acta, le mouvement Occupy, le débat sur l’anonymat sur le web.
Camille Polloni
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