Conçue par le très iconoclaste conservateur photo Clément Chéroux, l’exposition du Centre Pompidou Metz décortique un genre longtemps resté mineur et en pleine résonance avec l’actualité : la photographie de paparazzi. Inventé par Fellini sur le tournage de la Dolce Vita, le terme paparazzi recouvre en fait une réalité bien plus ancienne : celle de […]
Conçue par le très iconoclaste conservateur photo Clément Chéroux, l’exposition du Centre Pompidou Metz décortique un genre longtemps resté mineur et en pleine résonance avec l’actualité : la photographie de paparazzi.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Inventé par Fellini sur le tournage de la Dolce Vita, le terme paparazzi recouvre en fait une réalité bien plus ancienne : celle de l’invention de la presse illustrée au début du XXème siècle. Organisée autour de 7 figures de stars (de Liz Taylor à Britney Spears et Paris Hilton en passant par Jacky Kennedy et Lady Di), l’exposition se penche sur l’évolution de cette pratique souvent raillée mais aussi, dans une deuxième section à l’esthétique si particulière qu’elle produisit. Esthétique qui, il faut le rappeler, inspira nombre d’artiste dès le Pop Art dans les années 60, jusqu’à l’époque du post-modernisme et de la « picture generation », avec des artistes comme Cindy Sherman. Des artistes qui s’emparent de ces codes dans leurs propres productions : le coup de flash qui aplatit l’image, le téléobjectif qui écrase les plans, geste que Richard Hamilton reprend dans ses peintures à la fin des années 60…
Rencontré quelques semaines avant le vernissage de l’exposition, Clément Chéroux livrait cette lecture très percutante de la photographie paparazzi : « Les débuts de la photo paparazzi sont en prise avec ce que Cartier-Bresson appelait « l’instant décisif » : les paparazzis cherchaient vraiment à obtenir une image qui résumait toute la situation ; une image qui traduit immédiatement l’histoire d’amour, à travers un baiser, un geste, un regard… Aujourd’hui, les paparazzis sont moins dans cette quête et font ce qu’ils appellent du « strolling », c’est-à-dire une « promenade ». C’est autant la promenade des photographes qui se baladent à côté de la star que la star elle-même qui se promène : Britney Spears qui va acheter son coca, essayer des fringues dans une rue de Los Angeles. Continuellement suivie par les paparazzis, elle en joue aussi. C’est une sorte de parade continue. Pour en revenir à la nomenclature photographique, on n’est donc plus dans « l’instant décisif » à la Cartier-Bresson mais dans une photographie des « temps faibles » à la Raymond Depardon, qui lui-même a commencé, dans les années 60, par être paparazzi pour l’agence Dalmas. On a, dans l’exposition, trois photos de lui poursuivant Brigitte Bardot. La photographie du strolling, du temps faible, ne vise plus à saisir l’acmé d’une situation ; c’est plus une attestation de présence. »
Claire Moulène
Exposition Paparazzi ! Photographes, stars et artistes. Du 26 février au 9 juin au Centre Pompidou Metz.
{"type":"Banniere-Basse"}