La semaine dernière, l’accouchement de Nadine Morano, du catch selon Roland Barthes, des méchants en plastoc, des tuyaux usés et un plombier-dézingueur.
Cette semaine en une, “Yann Moix, comment un écrivain est devenu le dézingueur de la télé”. Comment ?, j’ai hâte de le lire. Pourquoi ?, ta couve me donne un soupçon. En général, quand on voit un type en costard sur un chantier, ça peut être un chef de travaux branché, un architecte ringard, un agent immobilier ou un proprio. Je doute que les émoluments du “dézingueur de la télé” lui aient permis de se porter acquéreur si rapidement d’un bien immobilier, mais peut-être a-t-il pu financer la réfection de sa salle de bains.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
La théorie des contenus et des tuyaux
Regardons la photo de plus près. Une observation superficielle pourrait laisser penser que “la tête à clash du PAF“ porte une barre de fer façon Reservoir Dogs, prêt à défoncer la tronche des invités d’On n’est pas couché. Mais non. La barre de fer est un tube Tubevac en PVC 40 × 3, c’est-à-dire, pour qui connaît la plomberie, un tube d’évacuation des eaux usées utilisé pour les lavabos, les éviers, les baignoires ou les bidets. Hum hum. Les tuyaux… la télé… Bingo. Elémentaire, mon cher Watson…
La théorie des contenus et des tuyaux, rendue célèbre par Jean-Marie Messier ! L’“écrivain brillant” tient le tuyau dans sa main et peut analyser l’objet, mais le “chroniqueur qui dézingue” n’est qu’un contenu parmi d’autres, un flux se déversant comme des eaux usées dans les tuyaux médiatiques. Pas de barre de fer ici. Les coups portés sont en plastoc. D’ailleurs, à te lire, on est un peu déçu par le tableau de chasse du dézingueur. “J’ai fait accoucher Morano d’un truc abject”, se “félicite” Yann Moix. A ce compte-là, on est tous obstétriciens.
Alors pourquoi regarde-t-on ONPC en se demandant : “Tu penses que Moix va défoncer qui ce soir ?” Parce que, comme le dit Roland Barthes à propos du catch, “le public se moque complètement de savoir si le combat est truqué (…), ce qui lui importe, ce n’est pas ce qu’il croit, c’est ce qu’il voit.” L’arène médiatique, c’est pareil. Un spectacle dans lequel les coups ne portent pas vraiment, où gentils et méchants sont bienvenus, tant que le spectacle est bon.
Les rois du ring
Donald Trump s’en est d’ailleurs inspiré pour construire son actuel succès. A propos de ce rapport entre Trump et le catch, le politologue Sam Ford explique : “Depuis l’ère prétélévisuelle du catch, le succès se compte au nombre de tickets vendus. Peu importe que l’on campe le héros ou la crevure : la salle doit se remplir. C’est la seule chose qui compte.” Dans tes pages intérieures, Yann Moix pose avec un pistolet à mastic.
Il menace, il vise, il défouraille. Si un jour, un type en costard vous menace avec un pistolet à mastic, ne lâchez pas votre portefeuille. La seule conséquence qui suivra le “Slplorppp !” de son tir sera une tache gênante sur son pantalon qui vous laissera le temps de décamper. Les francs-tireurs médiatiques et politiques dégainent à tout-va pour assurer le spectacle. A la fin, ça ne tire pas bien loin.
{"type":"Banniere-Basse"}