La pornographie, nouvelle drogue véhiculée par les médias ? En tout cas, comme le démontre un documentaire d’Olivier Lemaire, elle ne cesse d’infuser la pop culture contemporaine.
“Jamais l’esthétique pornographique ne s’était à ce point diluée dans la culture populaire” : tel est le constat qui fonde ce documentaire un peu “fourre-tout” (c’est le cas de le dire) sur la popularité médiatique de ce qui était naguère considéré comme le summum du vulgaire : le sexe. La pub, les séries, la musique sont contaminées par un vent de simulation sexuelle et de permissivité vestimentaire (ou de nudité pure et simple).
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On ignore le cinéma dans ce film-compile, mais c’est un peu l’avant-garde de ce déchaînement sensuel. Car si les médias commerciaux sont truffés de postures, d’allusions et de tenues émoustillantes, ils ne vont pas pour l’instant jusqu’à exhiber l’acte sexuel et les organes génitaux. Au cinéma, la barrière entre X et mainstream a été franchie depuis plusieurs années et sert de référence implicite.
Pour les divers intervenants invités ici, dont Bret Easton Ellis ou Pierre et Gilles, cette tendance (anglo-saxonne) est plutôt une libération qu’un symptôme de décadence. La franchise a remplacé l’hypocrisie.
D’où vient cette manie exhibitionniste ?
Mais pourquoi toutes ces simagrées exhibitionnistes ? D’où vient cette manie qui a gagné toutes les couches du spectacle ? Selon le sociologue Vincenzo Susca, cela vient du milieu gay, plus prompt à théâtraliser sa sexualité.
Par ailleurs, il y a l’influence de la culture électronique, des réseaux sociaux, qui poussent leurs participants à se montrer et à rendre publics leurs goûts et manies. Cela a favorisé l’émergence d’une culture porn non seulement axée sur la spectacularisation du sexe, mais aussi sur la sexualisation du monde.
Tout devient “porn”, c’est à dire excitant et appétissant – d’où par exemple le terme de “food porn”. Après, quand on prétend que des pop-pornstars comme Rihanna, Beyoncé, Madonna ou Nicki Minaj sont les fers de lance d’un nouveau féminisme, permettons-nous d’être perplexes. Que font-elles à part flatter la libido masculine (pour vendre leurs produits), ce qui, jusqu’à preuve du contraire, n’est pas une preuve d’indépendance ni d’égalité ?
Pop Porn documentaire d’Olivier Lemaire. Mercredi 13, 23 h, Canal+
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