Depuis 1968 et jusqu’à hier, tout paraissait simple, la gauche était synonyme de libération des moeurs, la droite incarnait l’ordre moral. Le lynchage médiatique, la récupération politicienne et la crispation morale qui accompagnent l’affaire Polanski puis le « scandale » Mitterrand sèment le trouble et inquiètent.
Le sexe est ce semeur de zizanie qui emballe un village gaulois ne sachant plus où est sa gauche et sa droite. Depuis 1968 et jusqu’à hier, tout paraissait simple, la gauche était synonyme de libération des moeurs, la droite incarnait l’ordre moral. L’affaire Polanski semble avoir fait sauter tous ces repères. Après Kouchner et Mitterrand, ministres “d’ouverture”, c’est l’UMP, parti qui était à la traîne sur le pacs, qui s’est rangé du côté de Polanski. A contrario, Cohn-Bendit, ex-leader de 68, qui avait confié dans un livre avoir flirté avec la pédophilie, a déclaré que le cinéaste devait assumer sa condition de justiciable.
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La droite institutionnelle du côté de la liberté de moeurs, l’icône libertaire du côté de la sévère justice américaine, ça ressemble à une inversion des pôles soixante-huitards. Une affaire en entraînant une autre, voilà que l’un des principaux défenseurs de Polanski est attaqué par Marine Le Pen pour quelques lignes de son livre, La Mauvaise Vie, où il confessait son goût pour les garçons thaïlandais tarifés. Il est étonnant qu’à l’instar de Polanski, un “scandale” éclate alors que les faits étaient sur la place publique depuis des années sans choquer personne.
Et de nouveau, inversion des pôles : Benoît Hamon, ailier gauche du PS, s’aligne sur Marine Le Pen, alors que les ministres sarkozystes montent au créneau pour Mitterrand et le droit à la vie privée. On évoque par ailleurs la castration chimique, méthode qui connote les pires aspects des dictatures. Faudra-t-il contrôler chimiquement la libido de Polanski ou de Mitterrand, maîtriser chimiquement la sexualité des citoyens ? Il faudrait surtout revoir Orange mécanique, excellente fable sur le contrôle étatique des pulsions.
Les temps changent, mais la séquence post-68 a peut-être fait oublier que les clivages moraux ne sont pas toujours synchrones avec la couleur partisane : il y a toujours eu une gauche libertaire et une gauche cul serré, une droite raide dans le caleçon et une droite rigide dans la tête. Icône de la droite qui prend son pied, Sarkozy est surtout en train de se prendre les pieds dans le tapis de l’ouverture et de la confusion entre droit, morale et exploitation politique que ces affaires dénotent. Il faut lutter contre les délits sexuels, la justice est là pour ça. Mais l’exposition publique et à retardement de faits intimes dans une atmosphère de lynchage médiatique, de récupération politicienne et de crispation morale est une forme d’hystérie sociale inquiétante.
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