Deux nouveaux jeux débarquent en novembre. Rencontre en Allemagne avec l’un des fondateurs de la série.
Vous avez forcément, un jour, croisé des joueurs de Pokémon Go (si vous n’avez pas vous-même été converti). Tête baissée, les yeux rivés sur leurs écrans, ils déambulent par grappes dans les parcs ou les rues afin d’attraper Roucool, Tortank ou Salamèche.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
800 millions de téléchargements et près de 2 milliards de revenus plus tard, la déclinaison sur smartphone du jeu mythique des nineties fait son retour sur console. Forte de ce succès sur mobile, Nintendo a en effet souhaité rapatrier son fils prodigue sur Switch avec Pokémon Let’s Go, Pikachu et Let’s Go, Evoli. Aux manettes, nul autre que Junichi Masuda, l’un des fondateurs de la série.
Rencontre dans les discrets studios de Nintendo Europe
Impliqué dans le développement du jeu depuis les toutes premières éditions japonaises, ce quinquagénaire souriant a joué à tous les postes : compositeur, programmateur, directeur ou bien encore producteur.
Nous avons pu le rencontrer dans les très discrets locaux de Nintendo Europe, situés à quinze minutes de l’aéroport de Francfort, au sud de la ville. Il est accompagné de Kensaku Nabana, fan de la première heure et designer de cette dernière édition.
“J’étais encore à l’école primaire lorsque les premières versions sont sorties, rigole ce dernier. Les Pokémon sont comme des frères et sœurs pour moi.” Masuda renchérit : “Pour ma part, je me sens un peu comme leur père biologique. Un père qui serait fier que ses enfants se débrouillent seuls, comme des grands.” L’échange résume bien le phénomène intergénérationnel qu’incarne aujourd’hui la série.
“Nous avons été surpris par le succès de Pokémon Go, confesse Junichi Masuda, une peluche Pikachu serrée entre ses genoux. Au départ, nous souhaitions toucher les trentenaires nostalgiques des versions originales. Mais quand le jeu est sorti, la cible était plus large que prévue ! Les joueurs avaient aussi 40, 50 voire 60 ans !”
Pour les nostalgiques des premières générations
Le seul regret de ce natif de Yokohama, “c’est que les préados ont été un peu exclus parce qu’ils n’ont pas de smartphone. Avec la Switch, ils pourront enfin s’y essayer”. Les deux éditions sont d’ailleurs fortement reliées puisqu’il sera possible de récupérer ses Pokémon via Bluetooth.
Avec Pokémon Let’s Go, la licence s’adresse également aux nostalgiques des premières générations. Sorties en septembre 1998 aux Etats-Unis puis en octobre 1999 en Europe, les versions Rouge et Bleu de Pokémon se sont écoulées à plus de 30 millions d’exemplaires dans le monde, un record de ventes dans l’histoire du jeu vidéo.
Les aventures de ce dresseur de Bourg Palette devant apprivoiser des créatures aux multiples pouvoirs ont depuis été adaptées en dessin animé, au cinéma mais aussi sous forme de jeux de cartes à collectionner. Et sept générations de jeux Pokémon se sont succédé.
Pour Masuda, chaque épisode est déterminé par son support : “Les jeux sont fortement reliés aux consoles qui les accueillent. On a eu le noir et blanc avec la Game Boy, la couleur avec la Game Boy Color, l’écran fin et le design plus précis de la Game Boy Advance, l’arrivée du wifi et les premiers échanges avec la DS, le design encore plus affiné de la 3DS…”
Pas question de modifier le concept qui a fait son succès
Que peut apporter la technologie de la Switch à cette nouvelle édition ? Outre une console revisitée pour l’occasion et dotée d’une parure aux couleurs du jeu, c’est surtout le système de capture des petits monstres qui a évolué grâce à une nouvelle manette rouge et blanche en forme de Pokeball.
« Le joueur doit réellement bouger son corps pour attraper le Pokémon, il se sent encore davantage comme un dresseur.” Junichi Masuda
Plus question de toucher l’écran, il vous suffira d’un simple coup de poignet pour attraper de nouvelles créatures. “Cette nouvelle manette est une innovation majeure, autant pour les amateurs que pour les plus grands fans, assure Masuda. Le joueur doit réellement bouger son corps pour attraper le Pokémon, il se sent encore davantage comme un dresseur.”
A l’inverse, pas question de modifier radicalement le concept qui a fait le succès de la série : “Au-delà de l’histoire, nous avons gardé les entraînements de Pokémon avec les combats, les personnages mythiques ainsi que les lieux du jeu.”
Une qualité graphique soignée
On retrouvera Jessie, James et Miaouss de la team Rocket mais également ce bon vieux professeur Chen. La carte, de son côté, reste inchangée, et permet d’explorer la région fictive de Kanto. Avec des villes pour la première fois en HD.
“Nous voulions une qualité graphique excellente en contraste avec les premiers jeux, précise Kensaku Nabana qui en a assuré le design. Aujourd’hui, de plus en plus de jeux vidéo sont placés sous le signe du réalisme. Or, c’est assez compliqué d’appliquer cela à l’univers de Pokémon. Néanmoins, nous voulions un rendu graphique excellent. L’environnement se veut doux, mignon et chaleureux.”
Une chose est sûre : succès à venir ou non pour Let’s Go, Pokémon continuera à imprimer la culture bien au-delà du milieu du jeu vidéo. Et pourtant, à en croire Masuda, cette success story aurait pu ne jamais voir le jour en raison d’un plantage d’ordinateur à la fin des années 1990…
La popularité de Pokémon continue de surprendre Masuda
“Nous avons été victimes d’un gros crash informatique alors que je travaillais sur les premières versions. On ne savait pas comment restaurer les données. A l’intérieur de cet ordinateur géant, il y avait tous les éléments, que ce soit les Pokémon, la ville ou les personnages. Avec mes collègues, nous nous sommes dit : ‘Si on ne peut pas récupérer ces données, nous sommes foutus.’ Dieu merci, nous avons pu les retrouver.”
Aujourd’hui, alors que la licence souffle ses vingt bougies, la popularité de Pokémon continue de surprendre Masuda. “Récemment, alors que j’étais à Lyon, dix fans du jeu m’ont rejoint après avoir vu ma localisation sur Twitter. Parmi eux, deux jeunes Françaises parlaient japonais et m’ont dit à quel point Pokémon avait littéralement changé leur vie. Ça m’a fait réaliser à quel point les fans de la licence étaient partout dans le monde. Je trouve ça beau.”
Et Nintendo continue d’investir dans cette belle histoire. Très attendu par les fans, un jeu de rôle (RPG) est d’ores et déjà prévu à l’orée de 2019. Contrairement à Let’s Go, il devrait introduire une huitième génération de jeux. La Pokémania n’est pas prête de s’arrêter… Manon Michel
Pokémon Let’s Go, Pikachu et Pokémon Let’s Go, Evoli
Sur Nintendo Switch (sortie le 16 novembre)
{"type":"Banniere-Basse"}