De quoi l’impressionnant succès de Pokemon Go est-il le nom ? Pourquoi d’un seul coup des centaines de milliers de personnes – et pas forcément les plus familières des jeux vidéo – ont-elles préféré détourner le regard de la vie réelle pour le fixer sur leur écran de Smartphone, porte ouverte sur l’univers du jeu en […]
De quoi l’impressionnant succès de Pokemon Go est-il le nom ? Pourquoi d’un seul coup des centaines de milliers de personnes – et pas forcément les plus familières des jeux vidéo – ont-elles préféré détourner le regard de la vie réelle pour le fixer sur leur écran de Smartphone, porte ouverte sur l’univers du jeu en réalité augmentée ?
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Depuis son lancement par Niantic début juillet 2016, Pokemon Go a fait l’objet de commentaires angoissés sur l’aliénation supposée d’une génération qui boude de monde réelle pour un monde virtuel.
Pourtant, contrairement aux poncifs de commentateurs incrédules, on peut voir dans ce phénomène des aspects positifs – sur la santé par exemple, comme nous vous le relations.
Des impacts impressionants sur la vie économique
En 2006, l’économiste Edward Castronova publiait le premier ouvrage consacré à l’économie des mondes virtuels, comme le rapporte le blog de Alexandre Delaigue, professeur d’économie à Lille I. Il y constatait que, comme dans Pokemon Go, certains jeux très en vogue de l’époque (Everquest notamment) proposaient la vente en dollars d’objets virtuels pour évoluer plus vite. En considérant ce marché, il avait alors calculé que :
« Everquest avait un revenu par habitant-joueur supérieur à 2000 dollars par an, ce qui plaçait Everquest devant des pays bien réels comme la Bolivie et la Bulgarie. »
Edward Castronova expliquait aussi l’engouement pour ces mondes virtuels par son fonctionnement plus méritocratique : tout le monde y part à égalité, et seul le talent – et aussi le temps passé à jouer – sont récompensés. Il se risquait alors à une prédiction selon laquelle « de plus en plus de gens allaient passer de plus en plus de temps dans ces mondes virtuels, et le monde réel devrait progressivement s’inspirer de leurs règles sous peine d’assister à un exode massif de gens préférant vivoter dans leur vie réelle, faire un petit boulot pour gagner juste de quoi vivre, et se réaliser pleinement dans une vie virtuelle. »
Et si la vie réelle s’inspirait des règles de Pokemon Go ?
Cette prophétie ne s’est certes pas réalisée, mais l’économiste Erik Hurst a tout de même constaté qu’aux Etats-Unis, les jeunes hommes qui ont vu leur taux d’emploi s’effondrer depuis le début des années 2000 consacrent leur temps libre à jouer à des jeux vidéo, « en moyenne 12 heures par semaine mais souvent plus de 30 heures ».
Et si Pokemon Go pouvait, alors, sauver le capitalisme contemporain (encore faut-il le vouloir) ? Alexandre Delaigue spécule volontiers sur cette hypothèse :
« Si Pokemon Go a du succès, c’est qu’il fait entrer dans le monde réel des règles et un mode de fonctionnement auparavant réservé au monde du jeu. Il augmente la réalité en la rendant plus « fun » – d’une manière étonnament proche de ce que décrivait Castronova. Pokemon Go préfigure peut-être une part de solution originale au malaise dans le capitalisme contemporain. »
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