Suite à la publication d’un rapport alarmant sur les violences sexistes dans les transports, la chef d’entreprise, présidente du mouvement Ethic, Sophie de Menthon a estimé « plutôt sympa » de se faire siffler. Une vague de tweets l’a critiquée dans la foulée.
Les résultats du rapport du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes sur le harcèlement sexiste, rendu public ce 16 avril, n’ont pas ébranlé Sophie de Menthon, chef d’entreprise, ancienne du Medef et présidente du mouvement patronal Ethic. Alors que l’enquête conduite par les experts montre que 100 % des utilisatrices des transports en commun sont victimes de harcèlement (en ayant conscience ou non qu’il s’agit d’une atteinte), la chef d’entreprise a estimé dans un tweet qu’il ne fallait “pas tout confondre : être sifflée dans la rue est plutôt sympa !”
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100% des femmes seraient « harcelées » quotidiennement . Ne pas tout confondre: être sifflée dans la rue est plutôt sympa !
— Sophie de Menthon (@SdeMenthon) 16 Avril 2015
Le rapport part du postulat que ces phénomènes de violence sexiste “recouvrent une grande variété d’actes qui s’inscrivent dans un continuum de violences”, du sifflement ou commentaire jusqu’à l’injure puis l’agression. Un éventail jugé donc trop large par Sophie de Menthon, mais les internautes ne sont pas de son avis, loin s’en faut.
La twittosphère réagit
Ce commentaire a fait bondir la twittosphère, qui a aussitôt réagi en lui répondant de manière ironique, et en créant le hashtag #plutôtsympa.
Et les petits bruits façon « j’appelle mon chien », #plutotsympa? Un petit stage sur la ligne 13 ou le RER B, madame @SdeMenthon ? — Lemaire Mathilde (@MathildeL75) 16 Avril 2015
La secrétaire d’Etat chargée de la Famille, Laurence Rossignol, lui a elle-même répondu en la renvoyant dans ses cordes :
Et elle cherche quoi la petite dame avec ce tweet? Une polémique avec les femmes ou la reconnaissance des beaufs? https://t.co/WRXTgVSTRn”
— laurence rossignol (@laurossignol) 16 Avril 2015
La secrétaire d’Etat chargée des droits des femmes lui a emboîté le pas :
Ce serait #plutôtsympa que chacun se mobilise pour faire reculer le #harcelementtransports plutôt que de légitimer ces violences
— Pascale Boistard (@Pascaleboistard) 16 Avril 2015
Suivie par la porte-parole d’Osez le féminisme, Anne-Cécile Mailfert :
Moi je ne trouve pas ca #plutotsympa que des femmes aient peur de prendre le métro la nuit #TakeBackTheMetro cc @SdeMenthon@osezlefeminisme
— Anne-Cécile Mailfert (@AnneCMailfert) 16 Avril 2015
Un tweet doublement préjudiciable à la cause des femmes
Interrogée par Les Inrocks, Margaux Collet, membre de la direction d’Osez le féminisme, juge le tweet de Sophie de Menthon doublement préjudiciable pour la cause des femmes :
« D’une part, son commentaire va à l’encontre de la débanalisation du harcèlement sexiste, et d’autre part il renforce les agresseurs dans leur idée qu’ils ne font que complimenter les femmes. »
Pour la militante féministe, ce tweet témoigne soit d’une méconnaissance, soit d’une provocation, qui dans tous les cas porte atteinte aux avancées réalisées sur ce terrain :
« Je ne sais pas si elle prend parfois les transports en commun, ou si elle a déjà été victime d’insultes, de frottements ou d’agressions, mais ce qu’elle dit est préjudiciable pour beaucoup de femmes qui ont fait ces expériences, et dont la parole commence à se libérer sur ce sujet. »
En matière de provocations antiféministes, Sophie de Menthon s’était déjà illustrée lors de l’affaire DSK en 2013, en déclarant à propos de Nafissatou Diallo : « Je me demande, c’est horrible à dire, si c’est pas ce qui lui est arrivé de mieux ».
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