De passage au festival lisboète Nos Alive, nous voici en compagnie de Laurent Brancowitz et Thomas Mars pour parler Monica Vitti et douceur.
Vous venez de sortir Ti amo, certainement votre album le plus connoté sexuellement…
Laurent Brancowitz – C’est vrai qu’on a fait un album assez sensuel. Le morceau Fior di latte est très sexuel, par exemple. Ti amo également, avec des phrases comme “Open up Your Legs”. Mais c’est du sexe très positif, très…
Thomas Mars – … seventies !
Laurent Brancowitz – Oui, très sexe doux. Genre Cicciolina, mais en 1979.
Thomas Mars – On est plus films érotiques de M6 que premier samedi du mois sur Canal+.
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L’Italie des années 1970, c’est érotique pour vous ?
Laurent Brancowitz – Le cinéma italien des années 1970 était rempli de désir. On sentait bien que les producteurs et réalisateurs étaient absolument fous de leurs actrices.
Je pense qu’ils voulaient les épater. Beaucoup plus que de nos jours, où les décisions sont prises par des hordes de mecs de la télévision. Il y avait quand même des super actrices. Je les aime toutes. A l’époque, il y avait beaucoup plus de désir dans l’art, en Italie particulièrement.
Quelles sont vos icônes érotiques ?
Laurent Brancowitz – Anne Bancroft, la mère dans Le Lauréat. Je préférais vraiment la mère à la fille. Tout le monde, je pense. Sinon, il y a Diana Ross aussi. Et bien sûr toutes les comédiennes italiennes, Silvana Mangano, Monica Vitti… L’autre jour, j’ai vu un extrait du film Je sais ce que tu sais… d’Alberto Sordi, avec Monica Vitti. C’est ma dernière émotion.
Thomas Mars – Ma première icône érotique, c’est Sheila E., qui jouait avec Prince. Elle portait une sorte de Lycra asymétrique : une jambe était entièrement recouverte et l’autre complètement nue. C’était une batteuse en talons aiguilles.
https://www.youtube.com/watch?v=7k9V_hDdH_s
Laurent Brancowitz – Prince, à l’époque, c’était des émotions très fortes. D’un point de vue esthétique, c’était fou. Tu avais ce mec en porte-jarretelles, avec une coupe Louis XIV. Tu n’avais jamais vu ça avant. On n’écoutait pas les paroles, mais à travers sa musique, on sentait bien que quelque chose de sexuel était en train de se passer. Quelques tabous sautaient au passage.
Le côté sexuel de la musique de Prince, c’est dû à quoi ?
Thomas Mars – Prince utilisait la Linn LM-1, une boîte à rythmes qui a toujours été hyper érotique pour moi. Elle crée un son très chargé sexuellement. C’est lui qui a transcendé cet instrument qu’on utilise, nous, maintenant. Il y a tellement peu de groupes qui y ont recours qu’on doit pouvoir les référencer. C’est sans doute ce qui donne cette connotation sexuelle à notre musique.
https://www.youtube.com/watch?v=2SpAvMLTLS4
Vous auriez un message à faire passer pour que le monde se porte mieux ?
Laurent Brancowitz – J’aimerais lancer un appel pour le retour des sentiments de douceur.
Thomas Mars – Et de déconne ! L’esprit de déconne existait beaucoup plus dans le rapport au sexe dans les seventies.
Laurent Brancowitz – Il y a un vrai problème dans la pornographie. C’est trop violent. J’ai l’impression qu’il n’y a que des rapports d’humiliation qui, à mon avis, peuvent avoir un impact sur les rapports sociaux en général. Je milite pour un retour de la tendresse.
Thomas Mars – Et de la déconne, vraiment !
Laurent Brancowitz – Il y a un public pour ça.
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