Un excellent épisode d’“Encore heureux”, dans lequel la philosophe Céline Marty analyse le rapport de l’employé·e à sa fonction et à la valeur travail. Et comment mieux s’en détacher.
À une cadence bimensuelle et depuis un an et demi, Encore heureux discute des conditions du bonheur à l’aune de problématiques soit très contemporaines (éco-anxiété, burn out, idéologie incel), soit plus intemporelles (désir d’enfant, mort, sport, création artistique, dépression), en compagnie de la journaliste Camille Teste et du psychiatre Daniel Batoula.
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Dans un excellent épisode sorti courant décembre, il est question de la place du travail rémunéré dans nos vies. Enseignante-chercheuse et autrice de Travailler moins pour vivre mieux – Guide pour une philosophie antiproductiviste (Dunod, 2021), Céline Marty part de Jean-Jacques Rousseau et de David Graeber pour démontrer à quel point le travail, lorsqu’il épuise, est tout d’abord un frein à la démocratie, puisqu’il empêche de se pencher sur la chose politique et de cultiver ses opinions, comme elle le résume : “Le travail est la meilleure des polices.”
Une remise en cause de la culture productiviste
À l’ère des plateformes de travail numérisées et du télétravail, Céline Marty décrit aussi la façon dont la technologie a fait tomber le mur qui séparait hier espaces privé et professionnel, aboutissant à un sentiment de constante disponibilité et de surcharge cognitive éprouvé par l’employé·e.
La philosophe appelle ainsi à une remise en cause de la culture productiviste dans laquelle nous évoluons, en évitant d’abord de se définir en fonction de son emploi puis en engageant un relatif désinvestissement par rapport à la valeur travail.
Se décentrer du travail, c’est accepter de se satisfaire de moins
Refuser de maximiser sa rentabilité pour préserver son bien-être et son autonomie face au système capitaliste, même lorsqu’il s’agit d’un “métier passion” dont la pratique ne donne pas l’impression de “perdre sa vie à la gagner”, est l’une des clés de ce questionnement.
Cela commence par prendre le temps de faire à manger soi-même et de faire son ménage plutôt que d’avoir recours à des services rendus par des personnes dont l’emploi est précaire.
Se décentrer du travail, c’est aussi, selon Céline Marty, accepter de se satisfaire de moins, de ne plus viser une productivité infinie et de cultiver des activités hors emploi, dont l’objectif est l’épanouissement personnel et collectif. Travailler moins pour consommer moins et être plus heureux·se : une belle résolution pour 2024.
Encore heureux – Peut-on vraiment travailler et être heureux·se ? par Camille Teste et Daniel Batoula. Sur Binge Audio.
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