La cinquième saison apporte de sérieux éléments de réponse à la question qui taraude tout fan de la série de J.J. Abrams.
Qui a dit : “Ce que je viens de voir n’était pas un rêve, mais un souvenir” ? Le personnage d’un film d’Alain Resnais ? Pas encore. La réponse est moins savante, quoique… Il s’agit de Desmond Hume dans le deuxième épisode de la cinquième saison de Lost. Ce personnage s’exprime depuis une zone incertaine de sa conscience. Il est 21 heures, nous sommes sur une chaîne grand public de la télévision américaine.
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Lost, ce phénomène mondial, représentant d’une industrie mercantile à outrance, s’est officiellement transformé en un îlot expérimental d’une complexité et d’une profondeur inédites dans l’histoire de la pop culture. A ses débuts, il y a quatre ans et demi, la série de J.J. Abrams avait d’abord impressionné par son sens aigu du suspense et du mystère, sa façon toujours éblouissante de cerner les manques du spectateur, d’anticiper ses frustrations et d’appuyer le plus fort possible sur ces zones sensibles.
Voir Lost était un voyage à travers l’histoire des genres (fantastique, angoisse, horreur), mais aussi une preuve de la grandeur des séries contemporaines, tissant une narration extensible à l’infini. Ouvrir, toujours, courir, ne jamais s’arrêter… La fascination semblait à ce prix. Le retour de bâton, prévisible, a eu lieu dès la deuxième saison, jusqu’au début de la quatrième. Attaquée de toutes parts, Lost est devenue involontairement l’emblème de la vanité, posant trop de questions dont elle savait pertinemment qu’elle n’y répondrait pas.
Ce n’est qu’à partir de l’année dernière, quand les scénaristes Carlton Cuse et Damon Lindelof ont annoncé leur intention de clore la narration à la fin de la sixième saison, en 2010, que Lost a retrouvé son crédit, au prix notamment d’une fin de saison splendide. La cinquième levée est en cours de diffusion depuis le 21 janvier, avec le double souci de la part des créateurs de ne pas baisser la garde du point de vue artistique tout en offrant au spectateur les clefs pour habiter le monde qu’ils ont créé.
Car c’est un monde que Lost a fabriqué, plus que toute autre série aujourd’hui, un espace et surtout un temps – les flash-backs dévoilant le passé des rescapés du vol Oceanic 815 la structuraient depuis longtemps. C’est désormais un cocktail élaboré de flash-backs et de flash-forwards qui compose les épisodes, dans une sorte de tourbillon qui déplace les enjeux constamment. Ainsi, le but de John Locke et consorts dans cette nouvelle saison est de retrouver le fil du temps, et donc d’eux-mêmes…
Une assertion théorique qui s’incarne émotionnellement en pointillé. D’une scène à l’autre, on change d’avis. La série pourrait-elle perdre en route ses amoureux parce qu’elle s’assécherait trop ? Peut-on encore aimer Lost ou seulement l’admirer pour sa virtuosité ? Il reste encore quelques dizaines de cliffhangers et de sauts de puces dans le futur pour se forger un avis définitif sur la question.
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