Rencontre avec Peter Molyneux, game designer de l’étonnant « Fable III ».
« Je me suis toujours demandé ce qui se passait une fois que vous aviez vaincu les méchants. Quand nous avons commencé à réfléchir à Fable III, nous avions ce terrible adversaire et, une fois qu’il avait été battu, le jeu se terminait. Mais c’était la même chose que dans tous les autres jeux. Je me suis dit que ce qui serait fascinant, ce serait de faire l’expérience du monde après sa chute. »
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Même quand il exerce ses talents sur un genre aussi installé que le jeu de rôle, Peter Molyneux (Populous, Black & White) ne fait rien comme tout le monde. Grand jeu de 2008, Fable II offrait au joueur une multitude de façons de s’exprimer en marquant de son empreinte son univers féerique mais brutal. Situé cinquante ans plus tard, Fable III déplace les enjeux. « Je suis très clair avec les joueurs, reprend le game designer britannique. Tout le monde connaît la fin de l’histoire. Vous allez devenir roi et détenir le pouvoir. »
Fable III est ainsi un jeu double. Dans sa première partie, notre héros voyage de ville en village pour y former des alliances dans l’espoir de renverser un tyran qui se trouve être son frère.
Rendu plus accessible que l’épisode précédent, le jeu perd un peu en malléabilité. Les interactions avec les autres personnages, simplifiées, sont en particulier moins « ouvertes ». Il reste néanmoins possible de se disperser, de former une famille (y compris, via internet, avec un autre joueur) ou de se lancer dans la spéculation immobilière. Et les quêtes se révèlent plus étonnantes que jamais. Ce n’est pas tous les jours qu’un jeu nous invite à interpréter une pièce déguisé en poulet pour convaincre le fantôme du dramaturge de nous confier sa dernière oeuvre.
Et le joueur monte sur le trône d’Albion. Que décidera-t-il dans cette deuxième phase qui ajoute au gameplay de la première une dimension (modeste, certes) de gestion stratégique ? Tiendra-t-il les promesses faites, pour obtenir leur soutien, à ses camarades révolutionnaires ? « Vous pouvez essayer de rendre votre royaume aussi bon que possible ou, au contraire, le rendre encore pire qu’il ne l’était avant, insiste Molyneux. Et une partie de votre vie ne vous appartient plus. » De tout cela découle un rapport tendu entre l’individuel et le collectif, entre l’action au présent et ses conséquences potentielles, qui rend définitivement passionnant ce jeu de rôle éminemment politique.
Fable III sur Xbox 360 (Lionhead/Microsoft, environ 70 euros)
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