Alain Guédé, journaliste au Canard Enchaîné a raconté au journal Les Alpes Mancelles les coulisses du Penelope Gate : comment s’est déroulée l’enquête, les sources, la gestion désastreuse de l’affaire par le clan Fillon, les menaces… Après sa victoire éclair à la primaire de la droite, le Canard a commencé à s’intéresser au cas Fillon. […]
Alain Guédé, journaliste au Canard Enchaîné a raconté au journal Les Alpes Mancelles les coulisses du Penelope Gate : comment s’est déroulée l’enquête, les sources, la gestion désastreuse de l’affaire par le clan Fillon, les menaces…
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Après sa victoire éclair à la primaire de la droite, le Canard a commencé à s’intéresser au cas Fillon. Le journal fait de même pour toutes les personnalités émergentes, même si Alain Guédé le reconnaît, pour F. Fillon « on était un peu plus motivé que d’ordinaire ».
Un petit groupe de « 5, 6 » journalistes s’est mis à travailler sur ce qui n’était pas encore l’affaire dite du « Penelope Gate » en partant des déclarations de patrimoine de l’ancien Premier ministre.
De nombreuses rumeurs ont fusé sur l’origine des fuites : des déçus de la nouvelle composition de l’organigramme des Républicains, Rachida Dati, l’Elysée ? A en croire Alain Guédé « les balances qui fournissent des dossiers clé en main au Canard, c’est finalement peu fréquent… et ça n’empêche pas de vérifier ». Et le journal Les Alpes Mancelles d’ajouter :
« Alain Guédé promet que, depuis Giscard, on peut tout savoir sur tout le monde, qu’il n’y a qu’à regarder. Sur les listes électorales, à la certification des hypothèques et du cadastre, au greffe du tribunal de commerce, à l’INPI… »
Les journalistes du Canard auront été largement aidé par le fait que généralement les gens proches de l’affaire « ne prennent pas conscience de ce qu’ils disent ». Selon lui c’est le témoignage de Jeanne Robinson-Behre, ancienne attachée parlementaire de François Fillon, qui a été capital. Il venait s’ajouter aux confessions faites en off par d’autres interlocuteurs contactés par les journalistes : « Elle nous a répondu en toute bonne foi… ».
Une gestion désastreuse de la crise
Mais le meilleur allié du Canard Enchaîné, ce fut peut-être… Le candidat LR lui-même. « François Fillon savait qu’il avait tout ça… A priori, il n’écoutait pas beaucoup ses conseillers. C’est totalement incroyable ! Il déclare que sa femme travaille. Dans ce cas-là, il aurait pu lui reconstituer un semblant de carrière… «
L’incapacité de son équipe de campagne à mettre en place une stratégie médiatique cohérente aura indéniablement aidé l’enquête du Canard. Soucieux de jouer la carte de la transparence, il sera seulement parvenu à livrer de nouveaux éléments aux enquêteurs comme aux journalistes. Lorsqu’il avait par exemple révélé, le 26 janvier, avoir employé ses enfants Charles et Marie entre 2005 et 2007 « pour des missions précises » parce qu’ils étaient « avocats ».
« Au 20 h de TF1, c’est François Fillon qui nous donne ses enfants ! »
Non pas « avocats » mais encore étudiants au moment de leur embauche, les enfants Fillon avaient reversé à leur père une partie de leurs salaires de 3 000 euros en moyenne. Ils avaient à l’époque évoqué des « remboursements » pour des dépenses engagées par leurs parents quelques années auparavant. Ils ont été hier placés sous le statut de témoins assistés.
Les révélations successives auront valu aux journalistes une plainte en diffamation du candidat LR, mais aussi la réception d’un certain nombre de menaces : des dessins de cercueils, une balle 22 long rifle, 5000 mails parmi lesquels « deux tiers d’encouragements… et un tiers d’insultes graves, dont [d]es menaces pas toujours voilées »… Le journal est coutumier du fait et n’y prêtait pas grande attention jusque récemment. Alain Guédé admet néanmoins que « depuis Charlie, on fait quand même gaffe ».
L’emballement autour de l’affaire et les tirages considérables des numéros du Canard Enchaîné qui y étaient consacrés chaque mercredi ont fait le reste et ont contribué en grande partie à la défaite du candidat de droite. La présidentielle passée, l’affaire est toujours entre les mains de la justice. Le journal a cependant choisi de faire une pause dans les révélations.
« Oui, sur François Fillon, on en a encore sous le pied. Mais au Canard, on ne piétine pas un homme à terre. C’est mieux comme ça car il y avait une vraie souffrance chez lui ».
Au final, est-ce qu’Alain Guédé regrette quelque-chose ? « Que François Fillon n’ait pas été élu : on aurait eu 5 ans de bonheur ! ».
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