Dans un numéro spécial consacré au concept de “races”, le magazine américain se livre à un “examen de conscience”, et revient sur la vision raciste qui imprégnait jusqu’aux années 70 ses images et ses reportages.
Le prestigieux magazine américain bat sa coulpe en reconnaissant qu’il a propagé pendant des décennies une image dégradante de certaines populations qu’il présentait dans ses pages. Dans un numéro spécial consacré au concept de “race”, Susan Goldberg, la première rédactrice en chef du journal depuis sa création en 1888, qui en tant que juive et femme appartient à “deux groupes de population qui ont eux aussi été discriminés aux États-Unis”, revient sur “cet affreux état de fait qui fait pourtant partie de l’histoire du magazine”.
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Elle rappelle que “le principe même de races est une hérésie scientifique, et ne résulte d’aucune façon d’une différenciation biologique”, mais qu’il a produit et produit encore “une différenciation sociale aux effets dévastateurs”.
“It’s hard for an individual—or a country—to evolve past discomfort if the source of the anxiety is only discussed in hushed tones.” https://t.co/9forcyt4ae
— National Geographic Magazine (@NatGeoMag) March 12, 2018
La rédaction a donc demandé à un historien, John Edwin Mason, de se plonger dans les archives du magazine pour explorer cette problématique des “races” et de déterminer comment photos et articles en avaient rendu compte. Il a observé que jusqu’aux années 1970, les personnes de couleurs étaient absolument absentes des pages concernant les Etats-Unis, tandis que “le magazine dépeignait avec force reportages les ‘natifs’ d’autres pays comme des personnages exotiques, souvent dénudés, chasseurs-cueilleurs, sorte de ‘sauvages anoblis’.”
“Nous avons demandé à un éminent historien d’enquêter sur notre couverture des personnes de couleur aux Etats-Unis et ailleurs. Voici ce que nous avons trouvé”
Né à l’apogée de l’époque coloniale, National Geographic était le reflet d’une vision du monde qui faisait des Blancs des êtres supérieurs, et de toutes les autres populations un objet de mépris ou de fantasme exotique. Ainsi cette légende qui accompagne deux photos d’Aborigènes australiens en 1916 : “Deux Noirs sud-australiens : ces sauvages se classent parmi les moins intelligents de tous les êtres humains”.
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