Mimi Cracra en haute couture, l’actrice décloisonne le show-biz par son insurrection manifeste.
Elle se prénomme María de la Paz Elizabeth Sofía Adriana de la Huerta mais on la connaît sous le plus simple sobriquet de Paz. Aristocrate d’origine espagnole et actrice new-yorkaise, elle se met en scène de façon troublante dans la campagne Vivienne Westwood été 2015 : jolie mais tartinée d’autobronzant carotte, une bière à la main et dénudée jusqu’à l’entrejambe, elle aligne les symboles aguicheurs comme pour dire qu’elle est la fille de toutes les joies. Le tout en chaise roulante, poussée par Vivienne elle-même. Pas très loin de sa vie privée très publique, finalement.
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Au quotidien, Paz la scandaleuse a surtout été repérée pour ses déboires des plus VIP. Elle fait régulièrement la une des médias pipole – quand, par exemple, elle lance un verre sur l’actrice Samantha Swetra, qui s’était offusquée de la voir draguer son compagnon, ou quand elle pimente une soirée en boîte de nuit en se déshabillant intégralement. Ou encore quand elle arrive aux Golden Globes Awards dans un tel état d’ébriété que les vigiles lui interdisent l’entrée (pour les faire changer d’avis, elle tente, sans surprise, de les tabasser). “Derrière une surenchère – qui est précisément ce que les médias aiment voir et attendent d’elle, voire encouragent – se cache une femme fragile et étrangement consciente, qui sait précisément ce qu’elle montre et ce qu’elle cache”, analyse Alexandra Birchall-White, rédactrice en chef du magazine AÏE et amie de Paz. Elle a écrit son portrait pour le trimestriel tendances Intersection.
Elle fait un doigt à son ascendance aristocratique
La force de Paz, c’est la mise en spectacle d’un corps qui déborde. Perpétuellement apprêtée mais dégoulinante, mondaine mais violente, ses glissements physiques et symboliques révèlent les ficelles effilochées de la machine Hollywood. Son corps, livré à l’arène publique par sa notoriété, refuse toute responsabilité : elle fait un doigt à son ascendance aristocratique (et sa bienséance requise) et à l’esthétisme violemment régulé des tapis rouges. Paz, c’est ce que le sociologue Gilles Lipovetsky appelle la troisième femme : ni opprimée ni vraiment en opposition, elle occupe la zone trouble de l’inclassifiable. Riche de son tintamarre, ses crevasses et ses boursouflures, Paz prend la fuite en sublimant l’étrange.
ça va, ça vient : la femme fantôme
1961
Le jour, Françoise Dupont est une écolière dans la ville imaginaire de Framboisy. La nuit, c’est une justicière masquée en leggings. A l’arrivée des années 60 et du Women’s Lib, son invisibilité est symbolique : elle disparaît des sphères attendues et investit, ni vu ni connu, des rôles virils. A chaque épisode, Fantômette est ligotée puis se libère – un message caché d’émancipation.
2001
La Dame Grise est un personnage récurrent dans Harry Potter, un fantôme aristocratique à sang de sorcière qui hante la maison Serdaigle de l’établissement scolaire. Cette femme jalouse, insatisfaite et jamais mariée, est condamnée à une éternité en demi-teinte, en guise de punition pour n’être pas rentrée dans les rangs. Elle y flottera en robe victorienne.
2015
Pour promouvoir sa maroquinerie de luxe, l’enseigne De Gris choisit de mettre en scène un mannequin-femme fantôme. Le corps devient ainsi un espace négatif, dont seul apparaît le bras qui tiendra le sac à main. Ce discours humoristique et second degré détourne les codes de la communication de mode qui réduit le corps à un portemanteau. A. P.
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