Lancée le 2 janvier par une journaliste, la page Facebook « Paye ton journal » dénonce le sexisme ordinaire qui sévit dans les médias. Un monde qui n’est pas non plus épargné par les discriminations faites aux femmes.
« Y a des circonstances atténuantes. Quand tu rentres à la maison et que t’as Emmanuelle Cosse, tu comprends que le gars réponde à des pulsions ». Voici l’un des commentaires sexistes qu’a pu entendre une journaliste dans sa rédaction à propos de l’affaire Baupin. Un témoignage épinglé sur la page Facebook, « Paye ton journal », qui dénonce le sexisme ordinaire dans les médias. « J’ai créé cette page spontanément, hier, suite au message d’Anaïs Bourdet qui encourageait à créer des réseaux dans la même veine que son Tumblr Paye ta Shnek », nous raconte par téléphone Anaïs, 22 ans, l’administratrice de « Paye ton journal », et journaliste de presse écrite.
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En 2012, la blogueuse Anaïs Bourdet crée le Tumblr « Paye Ta Shnek » pour dénoncer le sexisme ordinaire en donnant la parole aux femmes harcelées dans l’espace public. Depuis, une multitude de plateformes sont nées, sur le même modèle, dans le but de mettre en lumière les gestes ou remarques discriminantes dont les femmes sont victimes au quotidien : « Paye ta robe » pour les avocates, « Paye ta blouse » pour le milieu hospitalier, « Chaire collaboratrice » pour le monde politique, « Paye ton taf » pour le harcèlement au travail, ou encore « Lesbeton » pour lutter contre la lesbophobie.
https://twitter.com/PayeTaShnek/status/815962288301731840
Une volonté de « souligner hypocrisie qui règne dans les journaux »
« Je ne m’attendais pas une telle ampleur », confie Anaïs à propos du succès de la page « Paye ton journal », dont la page Facebook comptabilise près de 1000 likes en moins de vingt-quatre heures. La journaliste vient même de lancer un compte Twitter, et envisage de créer un Tumblr. Une dizaine de témoignages ont déjà été publiés, toujours de manière anonyme, et sans que le nom du média n’apparaisse.
« Le but n’est pas de pointer du doigt une rédaction plutôt qu’une autre. Mais plutôt de souligner hypocrisie qui règne dans les journaux, les télévisions ou les radios qui passent leur temps à dénoncer ces actes, alors qu’ils reproduisent la même chose au sein de leurs bureaux entre collègues ou dans l’utilisation de certains termes dans leurs productions », insiste l’auteure de « Paye ton journal » qui a notamment réalisé un mémoire de fin d’études sur la participation de la presse écrite à la banalisation des agressions sexistes.
Voici un aperçu de ce que les femmes journalistes peuvent, par exemple, entendre dans leurs bureaux ou sur le terrain :
« J’espère recevoir des témoignages de tous les types de médias. Même si malheureusement, si j’en reçois beaucoup c’est bien sûr qu’il y a un problème », conclut Anaïs.
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