Hommage à l’éditeur Paul Otchakovsky-Laurens.
Paul Otchakovsky-Laurens aimait danser et publier. Il dansait mal et publiait merveilleusement. Il aimait vivre, tout simplement, et il est mort. C’était le 2 janvier, à Marie-Galante (Guadeloupe), en voiture avec sa compagne, l’artiste et écrivaine Emmelene Landon, grièvement blessée. Un chauffard a foncé dans leur voiture. Une cruauté qui a dévasté les auteurs qu’il publiait, les lecteurs qui les lisaient, les journalistes qui suivaient le travail sûr de cet éditeur libre, hors norme, à l’humour contagieux.
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Plus que d’autres, Paul Otchakovsky-Laurens avait su développer un lien particulier avec chacun d’eux, tissage d’amitié, de respect et de confiance, de rires et de fêtes aussi, d’amour de la littérature. Bref, une belle humanité, qu’il n’a jamais dissociée de son travail d’éditeur : tous les livres, tous les auteurs qu’il publiait, il les aimait, les avait choisis selon ses goûts, sa foi en une littérature exigeante, intransigeante, en constante recherche narrative.
Un éditeur généreux et fidèle
L’emblème de sa maison d’édition, qu’il avait fondée en 1983, c’était d’ailleurs ses initiales, P.O.L. Et sur chacune des couvertures blanches de ses livres, d’une magnifique élégance, après le nom de l’auteur et le titre, ces initiales étaient comme sa propre signature – comme s’il signait tous les livres qu’il publiait, preuve qu’il les assumait tous.
Comme si son métier d’éditeur, il l’avait mené en auteur lui-même, contre l’académisme, ce mal tellement français, contre le cynisme éditorial qui consiste à publier de mauvais livres, parfois même fabriqués de toutes pièces, mais qui feront du chiffre.
Il a ainsi publié Georges Perec, Marguerite Duras, Marie Darrieussecq, Guillaume Dustan, Santiago Amigorena (lire ici), Olivier Cadiot, Pierre Alferi, Emmanuel Carrère, Jean Rolin, Dennis Cooper, Pierric Bailly, Mathieu Lindon, Christine Montalbetti et tant d’autres… Il leur était fidèle et ils le lui rendaient. Il avait la générosité de respecter leurs voix en intervenant aussi peu que possible dans leurs textes.
Dans une interview, il me disait qu’il faisait ce métier pour l’étincelle d’excitation que suscitait la découverte d’un texte dès ses premières pages. Cette étincelle ne l’a jamais quitté. C’est un des plus grands éditeurs français qui vient de disparaître. Que P.O.L soit une inspiration pour tous.
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