Brice Hortefeux martèle cette formule depuis plusieurs mois. Oubliant que, depuis l’époque où Nicolas Sarkozy était ministre de l’Intérieur, la délinquance n’a pas reculé.
Ce jeudi, Brice Hortefeux se rendait à Grenoble pour y installer le GIR (Groupe d’intervention régional), chargé de soutenir le travail policier et de lutter contre l”économie souterraine. “Il n’y a pas d’avenir pour la délinquance”, a-t-il déclaré lors de son déplacement. La délinquance serait donc promise à une disparition certaine, par l’action conjointe d’une volonté politique et de tous les services de l’Etat.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Le ministre de l’Intérieur a fait de la phrase son slogan, son « no future » à lui. Dans une interview au Figaro, le 20 juillet, il affirmait : “Mon message est clair : dans notre pays, il n’y a pas d’avenir pour les délinquants. L’autorité de l’État finit toujours par l’emporter.” Version ministérielle de “ce sont les bons qui gagnent à la fin”.
En juin déjà, lors d’un déplacement sur la sécurisation de la Gare du Nord, Brice Hortefeux disait :
« Il n’y a pas d’avenir pour les délinquants puisque la puissance publique finit toujours par l’emporter. Les honnêtes gens doivent être rassurés, les délinquants doivent être inquiétés. »
Et encore le 9 juin, lors de l’arrestation de trois agresseurs présumés à Echirolles, et le 27 mai, au sujet des assassins de la policière municipale tuée en intervention. A croire que le président de la République et son ministre se partagent les formules-choc, entre les déclarations de guerre à répétition de Sarkozy et cette tirade définitive d’Hortefeux.
Augmentation des violences à la personne
En présentant les derniers chiffres de la délinquance en janvier, Brice Hortefeux se félicitait d’un recul global d’1% sur l’année 2009:
« Lorsque la volonté est là, lorsque la détermination est là, lorsque la mobilisation est là, les résultats sont au rendez-vous.«
Pourtant, la baisse totale sur l’année cache une augmentation des atteintes aux personnes (+2,76% par rapport à 2008), des vols avec violence (+0,9%) et des cambriolages (+4,4%), compensée notamment par la diminution des atteintes aux biens (-6,1%), à leur plus bas niveau depuis 1996.
Entre 2004 et 2009 le nombre d’agressions est passé de 392 000 à 456 000, selon l’Observatoire national de la délinquance, qui notait dans son dernier rapport :
“En rapportant le nombre de faits constatés d’atteintes volontaires à l’intégrité physique en 2009 à l’estimation de population au 1er janvier 2009 de l’Insee, on mesure que 7,3 atteintes ont été enregistrées pour 1000 habitants, soit le taux d’atteintes le plus élevé depuis 1996.“
Des données que Rachida Dati connaît bien. Et qui lui permettent d’ailleurs de tacler le ministre de l’Intérieur dans une interview à paraître ce vendredi dans Grazia:
« C’est vrai qu’une majorité de Français a le sentiment que la délinquance a augmenté […] Quelque chose n’a pas marché. Depuis trois ans, les atteintes aux personnes augmentent et elles sont encore plus violentes qu’avant », glisse l’ancienne Garde des sceaux.
Le nombre d’escroqueries et infractions économiques et financières a également augmenté selon l’Observatoire, de 330000 à 370000 entre 2004 et 2009, alors que les atteintes aux biens ont décru de 2,7 à 2,2 millions sur la même période.
{"type":"Banniere-Basse"}