Entre my.barackobama.com, SOS Amitié et la Cogip, le réseau social du Parti socialiste a été présenté à la presse ce matin. Récit.
Ca matin, seuls les journalistes présents aux vœux de Martine Aubry à la presse avaient le privilège de savoir prononcer correctement « la Coopol ». Pas de suspense, autant le préciser tout de suite, pour avoir l’air de s’y connaître il faut dire « co-opol », avec un petit bégaiement chaloupé sur le o.
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Pour voir Martine Aubry envoyer avec fierté des messages à ses « coopains », il fallait donc se rendre ce matin rue de Solférino, là où les grands monsieurs ont des petits chiens et où les cadres du Parti socialiste se relaient d’un pas assuré. Etape préliminaire obligée : les vœux de la première secrétaire qui, dès son arrivée, loue l’ambiance « chaleureuse au PS » où tout se déroule dans une atmosphère « totalement conviviale » – alors qu’au même moment ceux qui sont assis au fond de la salle assistent à une dispute entre journalistes qui se traitent mutuellement de « barbares de la presse » et de « connards ». Gros clash : les dérapages et disputes puériles ne sont donc pas réservés aux trolls qui squattent l’Internet.
Derrière Martine Aubry, de grands panneaux blancs donnent à voir des patchworks d’images à la gloire des belles régions françaises. Façon mosaïque de pixels, les toiles mêlent des photos de banques d’images plus insipides et inoffensives les unes que les autres. Des coquelicots, des pompiers, une souriante famille d’origine asiatique ou africaine, une infirmière, un velib’, un agriculteur, une marelle ou une vache. Au milieu, sur le panneau central consacré lui à « La France qu’on aime », on relève entre un maillot de foot floqué « numéro 10 » et une jeune fille de super bonne humeur en pull rouge, une photo noir et blanc (la seule) de Jaurès. Ok.
Avant d’embrayer avec un long discours axé sur l’échec du sarkozysme, la secrétaire nationale loue les sites d’information qui « créent le buzz » et termine avec une ode hédoniste en souhaitant aux gens présents « des petites joies ». Ainsi, en 2010: « n’hésitez pas à les prendre quand elles passent, ça peut être une rencontre… ou une conversation avec un politique… » C’est noté. Y a-t-il un chat sur la Coopol ?
Et puisque « la décennie qui s’ouvre est celle de toutes les renaissances et du progrès » le PS en a profité pour adosser à la refonte de son site son propre réseau co-omunnautaire. C’est à la mode, l’UMP faisait de même la semaine dernière avec son affligeant « Créateurs de possibles ». Et ce qui est trop co-ol c’est que selon les chefs du projet, le site aurait coûté beaucoup moins cher que son équivalent de droite (chiffré à 500 000 euros) qui ne comporte pas de newsfeed, pas d’events clairement affichés ni de possibilité de publier liens et statuts ou d’échanger sur les murs de ses coopains. La honte quoi. Parce qu’échanger avec ses coopains, c’est quand même essentiel. La preuve, après son discours, dont la phrase la plus marquante reste « J’en vois qui frétillent déjà tellement ils sont contents de porter ce mouvement, j’ai l’impression que les Français ont vu que nous frétillions », Martine s’est ruée sur l’ordi pour mettre à jour son statut. Commentant devant les caméras : « J’envoie un message à mes coopains ». Rappel : coopain se prononce co-opain et non pas coupain.
A une journaliste qui lui demande alors si elle est « bien présente » sur le réseau, Martine Aubry répond extatique « dès que je rentre chez moi je me connecte, enfin pas encore à la Coopol mais maintenant oui, c’est mieux que les mails pour travailler » Ok, là on a un petit doute. Mais quand une autre journaliste lui demande si elle est « un peu geek » Martine répond « un peu quoi ? » Bon là c’est loupé. « Ah oui un peu geek, un peu geek absolument, je suis une fan de… » On ne saura pas de quoi Martine Aubry est fan. Etait-ce une subtile référence à Séverine Ferrer ou aux pages fans Facebook ? Mystère.
A part ça, le design du site, entre SOS amitié et la Cogip, laisse un peu à désirer. Le logo fait lui carrément penser à un encéphalogramme plat. Il est difficile de se prononcer sur le contenu qui, dans le monde idéal du Parti socialiste devrait mobiliser comme a su le faire my.barackobama.com pendant la campagne américaine et « doubler l’organisation territoriale du parti par une organisation affinitaire ». D’ici là, comme à Solférino, l’utilisation du tutoiement dès l’inscription laisse planer une atmosphère « totalement conviviale ». Ben oué, en mode co-opain on vous a dit.
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