Depuis le 4 juin, le Conseil de Paris se penche sur une meilleure inclusion dans la capitale des seniors LGBT+ souvent exclus et précarisés. La création d’un label « Grey Pride Bienvenue » dans les Ehpad fait partie des combats menés par l’association Grey Pride depuis un an et demi.
Faire de la capitale une ville « plus accueillante et ouverte à tous » c’est l’objectif que s’est fixé le Conseil de Paris. Le 4 juin, la mairie à dévoilé sa stratégie LGBT+. L’annonce de la présence d’un char de la Mairie de Paris à la Marche des Fiertés du 30 juin a fait du bruit mais une résolution d’Anne Hidalgo est passée inaperçue : désormais, Paris s’occupera mieux de ses seniors LGBT+
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Homophobie, âgisme et difficultés de vieillissement liées aux personnes transgenres : les personnes âgées LGBT+ se situent au croisement de plusieurs discriminations. Elles seraient environ 300 000 dans la région parisienne. Une population qui tait souvent son orientation sexuelle et qui nécessite des besoins d’accompagnement spécifiques pourtant rarement pris en compte. Les seniors LGBT+ sont devenus les invisibles de la communauté, contraints parfois, de retourner au placard.
Précarisés et isolés
Le vieillir LGBT+ n’est pas un sujet de recherche en France. Mais, selon plusieurs études anglo-saxonnes dont les résultats ont été synthétisés par le rapport 2018 de SOS Homophobie, 51 % des seniors LGBT seraient totalement isolés. Une exclusion due au célibat et au fait qu’ils aient moins d’enfants que la population hétérosexuelle. Ils sont aussi plus touchés par les maladies mentales ou physiques comme l’hypertension sanguine, le VIH et le diabète.
En octobre 2016, pour impulser un nouveau militantisme et défendre leurs droits, Francis Carrier, militant de longue date contre le sida et pour la cause LGBT+, a crée le collectif Grey Pride. L’association propose des solutions tant aux pouvoirs publics qu’à la société civile pour mieux s’occuper des personnes âgées LGBT+ dans la filière vieillesse. Autre objectif : créer des espaces collectifs dédiés aux seniors LGBT+ ou mettre en place une ligne d’écoute. Des réflexions sur la création de maisons de retraite LGBT friendly sont aussi en cours.
Invisibles dans les médias
Grey Pride vise à donner de la visibilité à cette communauté absente dans les représentation et les médias. À L’exclusion de ces seniors s’ajouterait “un faible soutien de la plupart des associations et des médias LGBT et surtout un déni de sa propre vieillesse dans la communauté LGBT « , dénonçait Francis Carrier dans le rapport SOS Homophobie paru mi-mai.« À l’heure actuelle il est presque impossible de trouver dans l’iconographie LGBT française des images positives de couples LGBT âgés, comme si l’orientation sexuelle et l’identité de genre étaient propres à la jeunesse”, affirmait le militant.
On va enfin pouvoir parler de sexualité, d orientation sexuelle, d identité de genre et du VIH auprès des acteurs de la filière vieillesse #lgbt #greypride. Pour une meilleure qualité de vie des vieux et des vieilles
— Grey PRIDE – Label "GreyPRIDE Bienvenue" (@VieillirLGBT) June 5, 2018
À l’initiative du collectif de Francis Carrier, un label “Grey Pride Bienvenue” sera mis en place dans toutes les Ehpad de la ville. Les établissements labellisés devront respecter une charte élaborée par l’association pour mieux inclure les vieux et vieilles LGBT+. Les Ehpad seront “évalués dans le temps sur des critères définis par Grey Pride” et leurs salariés formés à ces besoins spécifiques.
Contactée par Les Inrocks, Galla Bridier, adjointe Seniors et autonomie à la Mairie de Paris explique : « Quand on parle des seniors, les discriminations envers la communauté LGBT ne nous viennent pas tout de suite à l’esprit. C’est une cause que je prends à bras le corps depuis ma nomination à la mairie. »
Stratégie #LGBTQI de @Paris est discutée en #ConseildeParis. Le travail pour les seniors LGBTQI se poursuit: formation des personnels des structures d'hébergement et création d'un label. Paris ville de toutes les fiertés ! @VieillirLGBT pic.twitter.com/0WK3ZUd1cw
— Galla Bridier (@GallaBridier) June 4, 2018
L’élue écologiste reconnaît : « La mairie n’était pas assez présente sur ce sujet. Ma rencontre avec l’association Grey Pride a été déterminante et je m’engage avec elle sur plusieurs domaines. Au delà du label, en formant et en sensibilisant dans le privé ou le public : il faut travailler à la reconnaissance des identités de genre dans les structures seniors. »
Si cette meilleure prise en charge a été saluée par les associations, le côté LGBT friendly de la capitale fait débat. Toujours selon SOS Homophobie, 1 000 agressions LGBT-phobes ont été recensées dans la capitale sur l’année 2017.
https://twitter.com/armando_eltaco/status/1002170640592490496
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