Vendredi et samedi, la mairie de Paris organise les états généraux de la nuit, pour redynamiser la vie nocturne de la capitale, en perte de vitesse. A l’échelle internationale, Paris a en effet quelque peu perdu sa réputation de ville de fête.
Aux portes d’une boite de nuit du XIVe arrondissement, deux jeunes allemands se font refouler. « Désolé messieurs, mais ça ne va pas être possible »: le refrain traditionnel des videurs.
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Baskets de skatteurs, anorak et baggy, ils n’ont vraiment pas l’attirail du « clubber », mais l’établissement est loin d’être prestigieux. Ils pestent: « A Berlin, ça n’arrive pratiquement jamais. » Trop snobs, trop chères, trop codées, les nuits parisiennes ne séduisent plus. « Paris c’est très beau, très romantique mais pas du tout une destination pour faire la fête! » concluent nos deux étudiants venus d’outre-Rhin.
D’après l’enquête Benchmark sur l’attractivité des villes européennes pour leur vie nocturne, la capitale française est à la traine derrière Berlin, Barcelonne, Londres et Amsterdam.
« Près de 80% des personnes interrogées estiment que Paris ne dispose pas d’une offre festive nocturne attractive par rapport aux autres grandes villes » explique Tommy Vaudecrane, co-président de Technopole, association consacrée à la culture électro et signataire de la pétition « Quand la nuit meurt en silence » (lancée le 23 octobre 2009) qui a recueilli 16 000 signataires.
Alors que le « Paris by night » semble avoir laissé place au « Paris sommeille » comment rendre la ville de nouveau attrayante après minuit?
Les états généraux de la nuit, organisés les 12 et 13 novembre à l’Hôtel de Ville se sont penchés sur cette question. Et la mairie souhaite bien développer cet aspect du tourisme pour redonner une atmosphère festive à la ville. Pour Laurent Queige, directeur de cabinet de Jean- Bernard Bros, adjoint au maire chargé du tourisme et des nouveaux médias:
« Le soir et la nuit, c’est aussi un enjeu de sociabilité, les visiteurs veulent faire des rencontres ça fait partie du succès du séjour. »
Un premier constat: le manque de communication. A l’heure du 2.0, la ville vient de lancer un site internet dédié aux noctambules Paris nightlife. Entièrement traduit en anglais, il recense plus de 500 établissements et propose agenda, guide et plan interractif. La plate-forme accueille en moyenne 450 visiteurs par jour. D’ici peu, elle comprendra un volet participatif permettant de s’identifier, de noter les établissements et de laisser des commentaires. Jusqu’ici rien de bien novateur mais un outil indispensable.
« Les nuits parisiennes sont parmi les plus importantes d’Europe, mais l’offre est tellement vaste qu’il est difficile de s’y retrouver aussi bien pour les parisiens que pour les touristes », Souligne Bérénice Frager de la chambre syndicale des cabarets artistiques et discothèques.
Autre proposition : la création d’un office du tourisme de la nuit (« le premier au monde » souligne Laurent Queige) et d’un réseau de professionnels consacré à la vie nocturne. D’après Catherine Espinasse, psychosociologue spécialisée dans les questions liées à la nuit, il faut développer les partenariat entre les acteurs de la nuit et parvenir à un « décloisonnement » indispensable pour faire vivre la capitale.
Pour l’assistance, reste une difficulté majeure: les Parisiens ont encore une vision trop réductrice des touristes et se montrent peu disposés à partager leurs bons plans.
« Surtout comptez pas sur eux pour donner des informations sur les petits cafés où ils boivent un verre tranquille le soir! » résume une spécialiste présente dans l’assistance.
D’autres initiatives plus concrètes ont été lancées. Du 17 au 21 novembre, Les Nuits Capitales, dédiées à la musique et au clubbing, se tiendront dans 60 lieux parisiens : cafés musicaux, salles de concerts, clubs…
« L’idée est que le gens se perdent dans les rues de Paris et de les faire aller dans des endroits peu communs » explique Eric Labbé, président de l’association Nuit Vive, co-organisatrice de l’évènement.
Plus de 200 manifestations se dérouleront pendant ces 5 jours. Le festival a été organisé en partenariat avec des auberges de jeunesse, des hôtels, les trains Thalys et Eurostar pour « faire venir un nouveau public touristique ».
La réflexion est lancée et le défi pour faire perdre à Paris son étiquette de « ville musée » semble bien relevé. Mais ces initiatives seront-elles suffisantes?
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