Face au succès de Plus belle la vie, les chaînes françaises proposent une à une de nouveaux feuilletons « jeunes et innovants ». Alors que le Seconde Chance de TF1 vient d’être déprogrammé, c’est M6 qui se lance dans la course avec Paris 16ème. Décryptage.
« On est parti sur une série pour ados comme Newport Beach […] On voulait faire une teen drama avec une bonne bande originale et de beaux extérieurs. Cela a débouché sur un pilote en juillet 2007. Et puis, M6 a changé son fusil d’épaule […] Les gens de l’unité fiction de M6 étaient très incompétents et pensaient uniquement chiffres, ils voulaient grosso modo une copie de Plus belle la vie » avouait amèrement un scénariste déçu à Télé 2 semaines.
Une réaction qui en dit long sur les ambitions des auteurs de la série. Paris 16ème est effectivement un mélange contre-nature de toutes les séries française ou américaines qui font succès. La ressemblance avec Newport Beach, Gossip Girl, Plus belle la vie ou Sous le soleil est frappante. Le résultat laisse dubitatif.
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Le concept parle de lui-même : trois familles fortunées les Cipriani, les Karvadec et les Saint-Faye qui accueillent dans leur monde « une pauvre« , Lorène, qui vient de perdre ses parents dans un accident de voiture. Newport Beach. A la fin du pilote, Lorène met le doigt sur un terrible secret qu’elle cherchera à élucider tout au long de la première saison. Plus belle la vie. A ses côtés, Ethan Cipriani : il aime le fric et les filles, est arrogant mais sensible, au fond. Chuck dans Gossip Girl.
L’histoire s’articule autour de trois lieux clés, l’entreprise Carialis, une entreprise d’armateurs gérés sans scrupule par les trois familles, l’appartement des Cipriani et enfin l’inmanquable bar, tenu par Chris, le Julien Doré de la série, que tout le monde adore. Sous le soleil ou Plus belle la vie. Les personnages sont caricaturaux : il y a les gentils, les méchants, le beau gosse, la caractérielle, la jalouse, le pas très sympa et, signe des temps, le rockeur décalé.
Niveau casting, c’est Alexandra Kazan qui joue la généreuse Catherine Cipriani, personnage important de la série qui canalise tous ces jeunes dévergondés et possède un portrait géant…d’elle-même, dans son appartement. Richard Gotainer fait quant à lui, son grand retour sur le petit écran pour interpréter l’oncle de Lorène, l’interprète du Youki dans la vraie vie, fait figure de petit rigolo loser dans la série.
Les +
Comme toute série grand public, Paris 16ème se veut coller à la réalité de la société contemporaine. En toute logique, on suit les aventures d’une famille recomposée. On y parle aussi beaucoup d’argent, crise oblige.
Univers fascinant s’il en est, la jeunesse dorée se représente ici dans tous ses clichés les plus gras : comme dans Gossip Girl et Newport Beach, elle couche, « parle bête » et se la donne dans des fêtes démesurées où le champ’ coule à flot.
Le choix de Paris is burning, tube de Ladyhawke, est lui aussi révélateur du type de public ciblé. Jeune et branché, celui qui télécharge des séries américaines au lieu de rester scotché devant la TNT.
Dans le premier épisode, quelques instants de grâce pourraient inciter le téléspectateur à regarder Paris 16ème : Lorène y exhibe un décolleté bien fourni, une lampe-cheval vient orner le décor somptueux de l’appartement des Cipriani, et Richard « lol » Gotainer se confie à un majordome incarné par un écran dans un mur. Eh ouais.
Les –
Le jeu des acteurs est parfois très limité. Autre classique : leur âge est bien supérieur à ceux des personnages adolescents qu’ils interprètent.
Gros point noir : quand on s’attaque à l’univers du luxe en temps de crise, il y a quelques précautions à prendre. Eviter par exemple ce genre de réplique tendancieuse « Le découvert, je sais même pas ce que ça veut dire » ( Ethan Cipriani parlant de son compte en banque), ou encore de Tara Kervadec « Le vrai problème c’est que t’es pauvre, alors t’attends pas à être accueillie les bras ouverts« . Sympa.
Côté bande son, mis à part le générique, la musique qui accompagne le déroulement de la série ressemble à celle de Sous le Soleil. Soit des gimmicks répétitifs et ampoulés (un pour les scènes tristes, un autre pour les scènes joyeuses).
Pour conclure, Paris 16ème donne une impression de bâclé. Alors qu’un peu d’innovation viendrait rehausser le niveau des séries françaises, le manque chronique de prise de risque – du jeu des acteurs au scenario – laisse le public sur sa faim.
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