La société Hanson Robotics developpe des robots humanoïdes hyperréalistes. A se demander si nous n’allons pas rêver bientôt de moutons électriques.
“I will destroy humans.” Voilà ce qu’a déclaré, tout sourire, le robot Sophia devant son concepteur, David Hanson, légèrement embarrassé, lors d’une présentation à Austin, au Texas. Eclat de rire général dans l’assistance et sur les réseaux sociaux.
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Certains y voient déjà le signe avant-coureur tant attendu et tant redouté de la domination de l’intelligence artificielle sur l’humain, de sa volonté surtout de gagner son indépendance en détruisant purement et simplement l’humanité.
“Je déteste les féministes.”
Pour ne rien arranger, quelques jours plus tard, Microsoft lançait Tay, encore une intelligence artificielle censée converser sur Twitter, engranger des informations au fil des discussions et s’améliorer, affiner son langage avec le temps et la pratique.
Résultat : entre les mains cruelles des internautes taquins, Tay a gravement dérapé et lâché quelques sentences bien senties du type : “Je déteste les féministes. Elles devraient toutes brûler en enfer.” Le test a été interrompu après que Tay se soit rangée du côté d’Hitler dans sa haine des Juifs. Malaise.
Mouvements reproduits à la perfection
Certes, la technologie est impressionnante mais balbutiante. C’est un enfant qui apprend à lire sans se soucier de la signification des propos qu’il articule. Personne ne s’attendait à la perfection du premier coup. Mais le plus troublant, c’est l’apparence de Sophia, sa terrifiante ressemblance avec un être humain.
Elle imite une soixantaine de mimiques, sa bouche prononce les mots comme n’importe lequel d’entre nous, tous les mouvements des muscles du visage sont reproduits à la perfection.
Faciès incroyablement réaliste
Il ne s’agit pas là simplement d’un pantin joliment articulé. Sophia est une “life-like”, ou une “human-like”, comme on veut, un androïde anthropomorphe.
Pour éviter la panique, sans doute, Hanson Robotics la présente chauve avec la moitié arrière de son crâne transparente et démontable pour accéder aux composants électroniques. Mais le faciès est incroyablement réaliste.
Albert Einstein et Philip K. Dick
La société propose d’autres modèles comme Albert Einstein. La tête du scientifique, avec moustache et yeux rieurs, est montée sur un corps métallique de robot classique un peu pataud. Mais le contraste avec la finesse des traits du visage rend la tête du génie d’autant plus vraie.
Ironiquement, l’écrivain Philip K. Dick fait lui aussi partie de la collection Hanson Robotics, avec sa barbe bicolore caractéristique. C’est pourtant lui qui, dans Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? (devenu Blade Runner au cinéma), pointait les dangers et contradictions auxquels les humains seraient confrontés devant l’apparition des robots hyperréalistes de ce type.
L’androïde, un humain comme les autres
Dans le livre, les androïdes atteignent un tel niveau de perfectionnement qu’il devient impossible de les distinguer des humains sans recourir à un test capable de mesurer l’empathie, c’est-à-dire l’humanité.
Mais bientôt le test est obsolète, les machines, peu à peu, acquièrent elles aussi ce sentiment. L’androïde est alors un humain comme les autres. Et vice versa. Qu’est-ce qui nous prouve, d’ailleurs, que nous ne sommes pas déjà, nous-mêmes, des robots ?
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