Peut-on continuer à défendre les ouvriers tout en vivant dans une splendide villa ? C’est la question que se pose l’Espagne alors que Pablo Iglesias, chef de file de Podemos, vient de s’acheter un bien luxueux.
« Est-ce que tu laisserais les manettes de l’économie d’un pays à quelqu’un qui paie 600 000 euros pour un appartement de luxe ? », s’indignait Pablo Iglesias en 2012. A l’époque, Luis de Guindos, le ministre de l’économie espagnol venait de s’acheter un fastueux appartement à 600 000 euros. Six ans plus tard, les rôles s’inversent. Pablo Iglesias et sa compagne, respectivement secrétaire général et porte-parole de la formation de gauche radicale Podemos, décident d’acquérir eux aussi un luxueux bien immobilier pour la modique somme de 660 000 euros.
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Les critiques fusent contre le couple
La nouvelle provoque un tollé en Espagne. Les détracteurs du parti anti-système s’emparent de la polémique, des conservateurs aux socialistes. Le leader du PSOE, le parti socialiste espagnol, dont une partie de l’électorat s’est tourné vers Podemos, s’y est donné à cœur joie : « C’est aux personnes qui ont voté Podemos qu’il revient de prendre note et de tirer leurs conclusions, en ce qui concerne la cohérence entre ce qu’ils ont dit et ce qu’ils font », relève Médiapart.
Vœu accompli puisque les militants de Podemos ont désormais jusqu’à dimanche pour se prononcer sur le site du mouvement : « Estimez-vous que Pablo Iglesias et Irene Montero doivent rester à la tête du secrétariat général et du porte-parolat du groupe parlementaire de Podemos ? »
« Ces maudits rouges qui ne vivent pas sous un pont ! »
Pablo Iglesias et Irene Montero n’ont pas acquis ce bien illégalement. Ce référendum oppose donc deux visions du leader de gauche radicale. Doit-il vivre selon ses engagements ou ses idées politiques n’ont pas nécessairement à impacter sa vie privée ?
Au sein du Podemos, il y a une fracture éthique autour de cette question. Si Juan Carlos Monedero, cofondateur de Podemos, défend avec ironie Pablo Iglesias : « Ah, ces maudits rouges, qui ne vivent pas sous un pont ! », José Maria Gonzalez, le maire de Cadix, s’est senti lui trahi : « Notre code éthique n’est pas une formalité, c’est un engagement, celui de vivre comme n’importe quelle personne lambda, pour pouvoir les représenter dans les institutions, et cela suppose de renoncer à des privilèges, comme des salaires trop élevés ».
Mais comme souvent dans le mouvement Podemos, ce n’est pas aux hommes politiques d’en décider mais aux citoyens. Le référendum qui juge l’éthique du couple décidera aussi de son avenir politique.
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