Plusieurs points chauds seront à surveiller pendant les élections législatives des 11 et 18 juin, entre fiefs et parachutages de personnalités de premier rang. Nous en avons relevé dix.
Partis de gouvernement balayés, socialistes pris dans le champ magnétique d’En Marche!, rares unions de la gauche, droite habitée par un désir de revanche et FN divisé… Les élections législatives des 11 et 18 juin s’annoncent houleuses, et leur résultat est hautement imprévisible. Alors que la plupart des partis ont rendu publiques leurs investitures, voici quelques points chauds à observer pour prendre le pouls politique de la France.
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Jean-Luc Mélenchon à Marseille
L’ex-candidat à la présidentielle de la France Insoumise, qui avait obtenu 19,6% au niveau national, se présente aux législatives dans la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône, qui comprend plusieurs arrondissements populaires du centre-ville de Marseille. Dans la cité phocéenne, le député européen est arrivé en tête au premier tour, et encore plus largement dans cette circonscription, pour l’instant détenu par le député sortant (PS) Patrick Mennucci. Entre eux, la bataille est déjà à couteaux tirées. Le député PS l’a déjà accusé sur Facebook de vouloir « faire des citoyens du centre-ville de Marseille des instruments de son ambition personnelle ». Pour se défendre du procès en parachutage, le leader de la France insoumise a déclaré sur BFM-TV, fidèle à sa vision jacobine du pays : « Je suis partout chez moi, la France est ma patrie ». Les « insoumis » de la circonscription ont pour leur part voté, et l’ont adoubé. Le local de campagne des « insoumis » a en tout cas déjà été décoré d’affiches par les militants PS, ce qui augure de la lutte acharnée qui va avoir lieu :
Dans la circo où @JLMelenchon est attendu, les militants de @patrickmennucci ont déjà repeint le local des Insoumis pic.twitter.com/ckXzOvqveN
— François Becker (@beckerin_AFP) May 11, 2017
Gaspard Gantzer renonce à se présenter pour En Marche !
Finalement, c’est non. Le conseiller en communication de François Hollande, dont nous vous dressions le portrait récemment, a renoncé à l’investiture d’En Marche! en Ille-et-Vilaine. « J’ai été très honoré de la proposition d’Emmanuel Macron, nouvellement élu à la présidence de la République, de m’investir comme candidat dans la deuxième circonscription d’Ille-et-Vilaine. Mais, après réflexion, je préfère refuser cette proposition d’investiture à Rennes car je pense que ce n’est pas une bonne idée », a-t-il déclaré. L’ancien camarade de promo de l’ENA du nouveau président, âgé du 37 ans, a expliqué qu’il n’avait pas « sollicité cette investiture ».
François Ruffin, une exception de gauche
Le réalisateur de Merci Patron! est candidat dans la première circonscription de la Somme, où il fait face notamment à Pascale Boistard, la secrétaire d’Etat chargée des Personnes âgées et de l’Autonomie, et au comédien clownesque Franck de Lapersonne. Exception dans une gauche globalement divisée à ces élections, Ruffin est soutenu par le PCF, la France insoumise, Europe Ecologie – Les Verts et Ensemble. Le militant politique, instigateur de Nuit debout, espère faire de cette élection un exemple pour l’avenir de la gauche, en partant à la reconquête des classes populaires, dans une région minée par la désindustrialisation, et où le FN enregistre de bons scores.
Myriam El Khomri / Caroline de Haas / France insoumise : le clash des gauches
La ministre qui a donné son nom à la « loi travail », honnie par une partie de la gauche, a été investie de justesse par le PS dans le XVIIIe arrondissement de Paris, où elle tentera de succéder à Christophe Caresche. Mais elle aura fort à faire, et pourrait même ne pas passer au second tour. Dans cette circonscription où Macron est arrivé en tête au premier tour, suivi par Jean-Luc Mélenchon, elle devra faire face notamment à la militante féministe Caroline de Haas, fervente adversaire de la « loi Travail » qui se présente à la tête d’une liste baptisée « La 18 citoyenne », et au candidat de la France insoumise Paul Vannier, porte-parole de Jean-Luc Mélenchon sur l’éducation.
Quand des sociologues s’engagent en politique
Dans au moins deux circonscriptions, des chercheurs en sciences sociales se présentent, sous des étiquettes différentes. L’un, Jean Viard, 68 ans, est un sociologue de la mobilité, directeur de recherche au CNRS et auteur de nombreux livres sur la question du temps libre, des vacances, du voyage, de la mobilité, des 35 heures. Il a été investi par « La République en Marche » dans la cinquième circonscription du Vaucluse, actuellement détenue par un député LR.
Dans une circonscription autrement plus symbolique, la 13e des Hauts-de-Seine, détenue par Patrick Devedjian (LR), la sociologue dont le sujet d’étude est la grande bourgeoisie Monique Pinçon-Charlot représentera une liste « citoyenne de gauche ». « Je veux porter à l’Assemblée nationale le message simple que nous n’acceptons plus les conséquences criminelles des 1 % les plus riches », affirme-t-elle au Parisien.
Florian Philippot vise la Moselle
Surnommé « Monsieur BFM-TV » au sein du FN, le vice-président du parti d’extrême droite va retenter sa chance dans la 6e circonscription de la Moselle, où il avait échoué de peu en 2012 face au candidat PS. Tenant de l’orientation sociale qu’il a impulsée au FN, il pourrait l’emporter dans cette circonscription où Marine Le Pen a obtenu 33,7% des voix au premier tour, avant d’être battue (de peu) au second par Emmanuel Macron.
Nicolas Dupont-Aignan joue son va-tout
La 8e circonscription de l’Essonne est confrontée à un dilemme. Depuis 20 ans, elle réélit sans ciller Nicolas Dupont-Aignan comme député-maire de Yerres. Mais cette année, les cartes ont été rebattues : en soutenant Marine Le Pen au second tour de la présidentielle, le candidat souverainiste semble avoir tourné le dos au « gaullisme social » qu’il prétend incarner. Et ses administrés lui en veulent, comme nous vous le relations dans ce reportage. Impossible cependant d’anticiper leur réaction, mais il aura des difficultés à rassembler, alors que LR a décidé exceptionnellement de présenter un candidat.
Montreuil, l’illustration des désaccords entre PCF et France insoumise
La France insoumise et le PCF n’ont pas trouvé d’accord national pour les législatives. Le cas particulier de Montreuil illustre ce phénomène. Le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, Alexis Corbière, est candidat dans cette circonscription historiquement rouge, perdue en 2012 par les communistes. Mais le PCF ne l’entend pas de cette oreille. « Nous sommes d’accord pour contribuer à l’élection d’Alexis Corbière mais pas forcément dans cette circonscription où nous sommes légitimes pour conduire ce combat », a défendu lundi le secrétaire national du PCF Pierre Laurent.
D’ailleurs, le PCF a désigné son candidat, l’adjoint au maire (PCF) Gaylord le Chequer. La division de la gauche, traditionnelle dans cette circonscription, s’étend encore plus loin, puisque l’ancien maire (apparenté PCF) Jean-Pierre Brard sera également candidat. Ils feront face au député socialiste sortant Razzy Hammadi.
Julien Bayou, la « gauche écologiste » à Paris
Laminé par l’élection présidentielle, le parti écologiste Europe Ecologie – Les Verts joue sa survie dans ces élections législatives. Son porte-parole, Julien Bayou, 36 ans, tenant d’une ligne rouge-verte (lire notre rencontre entre Julien Bayou et Olivier Besancenot), est candidat dans une circonscription comprenant le Xe et IIIe arrondissements de Paris. Partisan d’un rassemblement de la « gauche écologiste » en partant du score de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle, et du programme écologiste de Benoît Hamon, il espère fédérer la gauche, alors que Cécile Duflot, également membre d’EE-LV, brigue sa propre succession dans la 6e circonscription de Paris, face à Danielle Simonnet pour la France insoumise, et Nawel Oumer pour le PS.
Manuel Valls entre deux eaux
Le feuilleton de sa possible candidature sous la bannière de « La République en Marche » a défrayé la chronique pendant quelques jours. Alors qu’il avait souhaité se présenter dans son fief d’Evry aux législatives, en soutien à la « majorité présidentielle », il s’est vu recalé par les caciques d’En Marche!, qui n’avaient pas reçu sa demande d’investiture.
Finalement, il sera bien candidat, et le mouvement de M. Macron a décidé de ne pas présenter de candidat contre lui – alors que c’était prévu au départ. En attendant, l’ex-Premier ministre a été convoqué pour une procédure d’exclusion du PS, en raison de cette infidélité.
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