Six mois après leur enlèvement, France Télévisions affiche enfin un décompte de leurs jours de détention. Au sommet de l’Etat, le soutien est toujours en dei-teinte.
Six mois que Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière sont otages en Afghanistan. Le 29 décembre, les deux journalistes de France 3 ont été enlevés par un groupe taliban avec leurs trois accompagnateurs afghans. Ils effectuaient un reportage sur la guerre en Afghanistan pour Pièces à conviction. Leur temps de captivité est supérieur à ceux de Florence Aubenas (5 mois en 2005) et Christian Chesnot et Georges Malbrunot (124 jours en 2004).
La mobilisation populaire prend de l’ampleur. Leurs visages s’affichent depuis mi-juillet quotidiennement sur France Télévisions sur demande du comité de soutien (liberezles.net).
Dans un premier temps, le Quai d’Orsay et le ministère de l’Intérieur avaient demandé aux familles et aux confrères de garder le silence sur leur identité, officiellement afin de ne pas faire monter les enchères. Mais parallèlement, les deux journalistes étaient la cible de critiques.
Nicolas Sarkozy et Claude Guéant dénonçaient en début d’année leur « imprudence coupable » et leur « irresponsabilité ». Le chef d’état-major des armées Jean-Louis Georgelin avait signifié le coût exorbitant de leur libération. Ces déclarations ont choqué les proches et la profession.
Elles marquent une évolution de la doctrine française qui, jusqu’à présent, soutenait publiquement ses otages, contrairement aux Etats-Unis et à la Grande- Bretagne. Fanny Rousseau, du comité de soutien et cousine de Taponier, ne doute pas que, « en Afghanistan, les forces françaises font ce qu’elles peuvent pour les libérer ». Au niveau national, le message est plus ambigu.
Le 13 juillet, lors de son intervention en direct sur France 2, Nicolas Sarkozy a déclaré : « Nous ferons tout pour (les) sortir de la situation où ils se sont mis. » Cette tournure de phrase blesse les familles : « Ça faisait froid dans le dos, on avait l’impression d’un retour en arrière », témoigne Fanny Rousseau.
Le peu de zèle de Sarkozy à soutenir les journalistes tranche avec son soutien indéfectible et médiatisé à Ingrid Betancourt, Florence Cassez ou encore à l’équipe de l’Arche de Zoé. Un sentiment de malaise encore accentué depuis que le gouvernement veut faire payer aux otages les frais de leur libération.
Devant le tollé, Bernard Kouchner a précisé que les journalistes ou les employés humanitaires ne seraient pas concernés. Une précision qui ne rassure pas les journalistes.