Pour commémorer la « nuit du feu » de Guy Fawkes, les Anonymous ont manifesté le 5 novembre dans plusieurs villes du monde. A Paris, le rassemblement était fixé à 18h place de la Bastille. Les CRS étaient au rendez-vous. Récit.
Aux alentours de 19h, la place de la Bastille n’est plus qu’un énorme embouteillage. La faute à la sortie des bureaux mais aussi à plusieurs voitures de police qui filent vers le métro Saint-Paul, toutes sirènes dehors. On descend la rue Saint-Antoine pour se retrouver rapidement bloqué par un barrage de police. Lorsqu’on demande à un policier ce qu’il se passe, on nous répond avec un certain mépris : « Des anarchistes manifestent sans autorisation. Si vous voulez changer le monde, allez-y hein vous gênez pas. » Il faut faire le tour du bloc d’immeubles pour apercevoir, par la rue Castex, un attroupement de policiers et de CRS autour du magasin OCD. Derrière eux, on distingue une trentaine de personnes, dont certains portent des masques Anonymous.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Le 5 novembre est la traditionnelle « journée de désobéissance civile » ou « Guy Fawkes Day » des Anonymous, qui commémorent l’attentat manqué mené par leur modèle Guy Fawkes en 1605 contre le Parlement britannique. Selon l’AFP, des manifestations ont eu lieu dans une quinzaine de villes du Brésil, une centaine au Mexique, et à Londres. A Paris, un rendez-vous avait été fixé à 18h à Bastille.
Pendant près d’une heure, un large tronçon de la rue Saint-Antoine est bloqué à la circulation. Un attroupement de piétons se forme en face des manifestants, toujours entourés par des CRS. Un car de police, et plusieurs voitures et camionnettes sont stationnés dans la rue. Les passants sont stupéfaits par le déséquilibre entre le déploiement policier et le nombre de manifestants, qui n’ont a priori pas l’air particulièrement énervé. Parmi les commentaires relevés :
« Ils ont l’air bien protégés par la police hein ! »
« Nan mais les flics voulaient faire une sortie ou quoi ? ils s’ennuyaient aujourd’hui ? »
« Je croyais que c’était une alerte à la bombe ! »
« Mais ils sont où les manifestants ? »
« La liberté d’expression n’existe plus ? »
Pendant que les Anonymous entonnent un « à la queue leu leu, tout le monde se marre à la queue leu leu », des policiers demandent aux passants « de ne pas stagner là« . Une jeune fille se met à faire les cent pas, à tourner en rond : « Je bouge là, c’est bon ? » Une autre revêt un masque Anonymous et crie « Anonymous c’est vous, Anonymous c’est nous« , avant d’être embarquée dans le car affrété par la police, où sont parqués les militants au fur et à mesure. « C’est subversif hein ! La sûreté de l’Etat est en danger ! » lance la première jeune fille, qui assiste, agacée, à la scène.
Motif de tout ce ramdam policier : les Anonymous auraient procédé à des « dégradations » dans le quartier plus tôt dans la journée. Il s’agirait selon l’AFP de slogans inscrits à la craie sur des bâtiments, comme on peut le constater sur cette vidéo mise en ligne sur Youtube.
On aperçoit d’ailleurs un manifestant inscrire à la craie « Vos enfants sont avec nous » sur le mur du magasin OCD.
Vers 20h30, policiers et CRS font reculer vers Bastille les passants qui s’étaient arrêtés pour regarder la scène. Un policier nous assure que tous les manifestants seront fouillés avant d’être embarqués dans le car (qui compterait une soixantaine de places). L’AFP rapporte qu’une vingtaine de personnes ont été interpellées.
{"type":"Banniere-Basse"}