Quelques mois après la sortie de Trilogy, le phénomène r’n’b se lance dans la visite des salles européennes. Accueilli comme une star par le public bouillant du Trianon, il était à Paris hier soir. On y était, on raconte.
Voilà quelques années qu’on entend parler – et qu’on parle d’ailleurs nous-mêmes – de ce Canadien en pleine ascension. Pendant l’année 2011, Abel Tesfaye publiait trois mixtapes qu’on découvrait en levant le sourcil : House of Balloons, Thursday et enfin Echoes of Silence. Lâchée librement sur la toile, la trilogie n’a pas mis si longtemps à convaincre : on découvrait un r’n’b nappé d’électro, empruntant au rock, jouant de près avec la pop. Pendant que certains puristes de la soul étaient tentés de crier à l’usurpation, au dévoiement, à la malédiction commerciale, on décidait d’écouter The Weeknd avec détachement, en se laissant porter par le flow tranquille et les audaces instrumentales du jeune homme de l’Ontario. Le doute fit donc place au plaisir décomplexé.
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En 2012, à 22 ans, Abel Tesfaye publie le bien nommé Trilogy, regroupant les trois mixtapes remasterisées. Les choses s’officialisent doucement. En 2013, The Weeknd joue à Paris, dans la belle salle du Trianon. Celui-ci est plein d’un public jeune, mi-hipster mi-hip-hop, assez féminin : Abel Tesfaye chante loin et large, mais surtout chante très juste. Après un DJ set plutôt obscur de Prince 85, The Weeknd débarque sur scène et déploie son chant de lover concentré, accompagné de quatre musiciens, deux choristes. Hystérie. A peine entendra-t-on le premier morceau, tant les cris épatants de certaines et certains fans viendront chatouiller nos pauvres tympans.
Puis la folie se calme, les mains et les smartphones se lèvent : The Weeknd entame High for This, premier morceau de sa première mixtape. Avec sa nonchalance enfumée, sa pesanteur futuriste, sa guitare surpuissante qu’on croirait samplée, la petite bombe installe pour de bon la tension soutenue de cette opération de séduction. A coup de déhanchés endiablés et de complaintes passionnées, le Canadien enchaine pendant l’heure suivante les compos de sa trilogie, n’oubliant évidemment pas son tube Wicked Game, qu’un public généreux chantera en cœur, avec amour. Tiens donc, le sol tremble soudain : le temps passe vite, c’est déjà le public qui rappelle. Le beau gosse continue un peu, lâche Montreal : « laisse tomber les filles, laisse tomber les filles… », répète-t-il.
The Weeknd porte le r’n’b vers une nouvelle dimension, quelque part enter blues, gospel, ambient et pop. Et c’est fascinant.
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