Samedi soir, le label parisien Kill The DJ proposait une soirée electro en point d’orgue du festival F.A.M.E, qui se tenait au sein de la Gaîté Lyrique. De jolis noms pour une jolie nuit : on y était, et on vous raconte. Pour sa première édition, le festival F.A.M.E (comprendre Film & Music Experience) comptait […]
Samedi soir, le label parisien Kill The DJ proposait une soirée electro en point d’orgue du festival F.A.M.E, qui se tenait au sein de la Gaîté Lyrique. De jolis noms pour une jolie nuit : on y était, et on vous raconte.
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Pour sa première édition, le festival F.A.M.E (comprendre Film & Music Experience) comptait ériger un pont entre les expériences cinématographique et musicale, dans une série de documentaires, de projections et de conférences autour de ces deux médias. L’événement se déroulait pendant quatre jours, de jeudi à dimanche, avec en point d’orgue la soirée electro du samedi à la Gaîté Lyrique. Clara 3000, Ivan Smagghe, Philipp Gorbachev et Discodeine étaient de la partie, pour une série de performances et d’artistes aux univers variés.
Le cul entre deux chaises
On se demandait comment peut évoluer une soirée club à la Gaîté Lyrique, si tant est qu’on puisse véritablement parler de clubbing ce soir. Lorsqu’on arrive en plein pendant le set de Clara 3000, la salle est clairsemée et le public n’a pas l’air bien chaud. Pourtant, la jeune femme propose depuis plusieurs mois des mixtapes à tomber par terre, et le mix de ce soir ne déroge pas à la règle. Post-punk, new-wave, voire krautrock, le set de Clara 3000 a vraiment de la gueule. Il faut dire qu’on n’entend pas tous les jours Eisbär de Grauzone remixé de cette façon, ou même Can dans ce genre de configuration. Bravo : on prévoit un avenir radieux à la jeune femme.
Il est bientôt 1h15 : Discodeine arrive sur scène avec un batteur tandis que Benjamin Morando et Romain Pilooski se placent sur la droite derrière leurs laptops. Contrairement au set de Clara, cette fois on assistera à un live en bonne et due forme – d’ailleurs la soirée alternera performances live et DJ sets pour un effet un tantinet déconcertant. Confluence des genres, misant sur une approche décloisonnée et internationale de ses performers, on aura quand même du mal à savoir sur quel pied danser. De son côté, Discodeine est fidèle à lui–même, avec un live juste parfait pour faire doucement monter l’ambiance. Les gens commencent à se lâcher lentement, bien qu’une bonne partie du public continue à se jauger sans vraiment oser (ou vouloir ?) se lancer. On croise un sosie de Lorànt Deutsch en version hipster du 3ème, tout va bien. On croit reconnaître Falkenberg du duo parisien et son calypso délicieusement exotique, puis on croise Clara 3000 pour la féliciter de son set. Aydin arrive à point nommé, on s’attend presque à ce que Kevin Parker fasse irruption, mais non. A la fin du concert de Discodeine, on se rend compte que quelque chose s’est passé : la foule semble enfin décidée à se laisser aller.
Hero of Tomorrow
De quoi augurer d’une grosse montée pour Philipp Gorbachev, qui passe juste après ? La transition entre Discodeine et le jeune Russe se fait sans son, et la tension redescend sensiblement pendant ces quelques instants. On a vraiment l’impression d’assister à un concert lambda, c’est assez étrange : qu’importe, l’entrée en scène du protégé de Matias Aguayo nous sort tout de suite de nos réserves. Avec une puissance sonore folle, Philipp Gorbachev s’empare de son micro, gueule des trucs incompréhensibles puis martèle ses pads avec la conviction d’un forcené. Vêtu d’une combinaison orange, avec un style de joueur d’échec monomaniaque, sa réputation de performer doux-dingue prend toute sa mesure dans les enceintes de la Gaîté Lyrique, qui semble avoir été conçue pour lui. S’appropriant l’espace de la scène et sachant l’occuper et la dompter comme il se doit, Philipp Gorbachev navigue entre ses machines, scande et gesticule comme un fou, tout en proposant une techno décomplexée et exubérante. « I’ve seen the last days of the district », déclamée telle un mantra absurde, se déploie de manière conquérante et volontariste. C’est grotesque, stupide et tout bonnement phénoménal.
Il faut dire que le label Cómeme propose depuis quelque temps des artistes et des productions de premier choix, et s’est évertué à dénicher les trucs les plus rafraichissants dernièrement (on pense notamment à Daniel Maloso ou Alejandro Paz). On aurait presque envie de voir Matias Aguayo débarquer avec sa clique pour envahir la soirée. L’engouement est perceptible, et on se demande si Gorbachev est son vrai nom, ce qui serait parfait, vu la teneur joyeusement post-perestroïka de sa performance. Hero of Tomorrow, du nom de son ep ? Du soir, en tout cas, et c’est déjà largement suffisant. On finira ensuite avec le set de Ivan Smagghe, qui sera lui directement collé à celui de Philipp Gorbachev. Techno répétitive et cérébrale, on croit reconnaître le nouveau Liars dans le mix du boss de Kill The DJ. La scénographie n’est pas idéale, heureusement Smagghe sait ce qu’il fait, et ses enchainements sont mine de rien parfaitement millimétrés. On finira la soirée comme on l’aura commencée, tranquillement et sans faire de vagues, dans une ambiance tout de même plus concernée qu’au début.
Marc-Aurèle Baly
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