Ce 28 avril près de 60 000 personnes (selon la CGT) sont descendues dans les rues de Paris pour manifester contre la loi travail. Reportage.
14h, le 28 avril, place Denfert-Rochereau à Paris. Alors qu’une foule est rassemblée pour manifester jusqu’à Nation contre la « loi travail », une première affiche donne le ton : « Sauve un précaire, mange un Macron! »
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Les syndicats qui ont appelé à défiler – la CGT, FO, Solidaires, FSU, l’UNEF et l’UNL – sont présents au départ d’un cortège enjoué, qui se met en marche vers 14h20. Les étudiants, venus nombreux, dégainent drapeaux et banderoles.
« Paris debout, soulève toi! »
Dans le carré de tête, Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force Ouvrière, et Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT arborent de grands sourires. Un peu plus loin, Léa et Aurélien, membres des « Jeunes Écologistes » sont là eux aussi :
« On défend un projet de société qui est mis à mal par cette loi, on en demande donc le retrait total, car elle remet en cause tous les acquis sociaux du siècle dernier »
Mégaphones à la main et drapeaux brandis, les jeunes scandent les slogans syndicaux avec vigueur. Mais aussi des slogans aux accents insurrectionnels : « Paris, debout, soulève-toi! »
Le mouvement Nuit Debout omniprésent
Dans la foule, de nombreux militants du mouvement Nuit Debout, qui occupe la place de la République depuis le 31 mars, sont présents. Voltuan, le plus célèbre des manifestants parisiens avec ses pancartes colorées ultra-reconnaissables, est également là :
« On est là contre la loi travail mais pas seulement, il y a des réfugiés, des handicapés, des jeunes et des chômeurs qui n’arrivent plus à vivre, ça déborde largement la loi El Khomri.
Les Jeunes écologistes nous parlent eux aussi du mouvement de la place de la République. Aurélien se dit fier de « l’espace qu’ils ont réussi à créer, qui n’appartient qu’à nous et où on peut créer un vrai nouveau projet. »
« Faire pression encore et toujours »
En tête de cortège, Jean-Claude Mailly, figure importante de la contestation de la loi El Khomri, nous dit vouloir « créer une pression sur le gouvernement et le parlement qui va examiner le projet de loi à partir du 3 mai ». Il nous explique :
» Il y a un problème de fond sur ce projet de loi, il trahit ce qui a été fait en 1936 par Léon Blum. J’espère que M. Hollande ne trahiras pas Léon Blum, ce serait compliqué pour la gauche…
Si on donne la priorité sur la négociation d’entreprise au détriment de la négociation nationale, on va accroître la précarité et les inégalités. Un pays comme l’Allemagne qui a fait ça il y a une dizaine d’années est en train de revenir en arrière aujourd’hui, prenons en de la graine. »
Tout comme lui, Philippe Martinez est motivé, il nous affirme que « les objectifs restent les mêmes: le retrait du projet de loi. Il est contraire aux valeurs de la République, il fait en sorte que dans chaque entreprise il puisse y avoir une loi différente, et ce n’est pas possible. La CGT a fait des propositions, un projet qui s’appelle « code du travail du 21e siècle », un projet moderne. Nous sommes prêts à discuter pour que ces propositions soient écoutées et entendues et que l’on construise un vrai projet social ».
Tensions et conflits
Une masse de policiers et de CRS encadre la marche tandis que les manifestants scandent : « A Paris la police c’est des pourris ». Les regards fusent entre les forces de l’ordre et les personnes présentes ce 28 avril. Beaucoup de marcheurs sont couverts de lunettes de protection et de masques. Un groupe d’anarchistes se forme à l’avant du cortège et des insultes sont lancées à destination des policiers.
Sur le pont d’Austerlitz, des affrontements commencent. Des projectiles sont lancés sur la police. L’arrivée a Nation se fait dans un calme relatif, mais les débordements recommencent sur la place. Les conflits se sont aggravés dans la soirée. 27 personnes ont été interpellées. Philippe Martinez s’est rendu après la manifestation sur la place de la République pour délivrer un discours combatif au mouvement Nuit Debout, appelant à la grève reconductible là où c’était possible.
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