Les grandes gagnantes du prix « accessoires » du Festival de Hyères 2018 dévoilent des casques-appareils auditifs qui croisent mode, high-tech et artisanat.
Des appareils auditifs qui se portent fièrement comme un bijou-chapeau : voici le challenge que se sont fixé Julia Dessirier et Flora Fixi, du label FandDStudio, gagnantes du prix accessoires 2018. Ayant bénéficié d’une collaboration avec Maison Michel, chapelier, et Goossens, joaillier, toutes deux des maisons ancestrales soutenues par Chanel, elles ont imaginé des objets aussi futuristes que respectueux des traditions. Nous avons rencontré Patrick Goossens, à la tête de la maison éponyme, Priscilla Royer, aux rênes créatives de Maison Michel et le duo des deux gagnantes, pour une interview croisée.
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Comment avez-vous travaillé ensemble ?
Priscilla Royer – Nous avons fait une première réunion à l’atelier, F & D avaient pour projet de faire un casque cagoule pour être isolé du son et des bruits extérieurs. Il y avait donc une logique utilisateur assez pointue. Elles voulaient insérer des écouteurs, des oreillettes habillées, et une double visière pour couvrir regard et isoler du son. Je l’ai adapté avec nos techniques à nous, on a confronté ça à une réalité industrielle d’atelier, et on a créé un casque en velours, on fait de la mode high-tech.
Patrick Goossens – On a travaillé comme avec n’importe quel créateur, avec les mêmes standards que nos autres clients, Marc Jacobs, Givenchy, Alexander Mc Queen ou Kenzo. Ça a été une vraie collaboration, et ça a été fascinant de suivre l’évolution au fil de la création avec une adaptation constante, qui faisait cohabiter technicité et création.
FandDStudio – Avec ces maisons, on a imaginé quelque chose au-delà du côté technique pour jouer avec les courbes de l’objet et de l’oreille et développer un objet qui fusionne l’appareil et l’oreille. L’idée était de faire cohabiter bijou et technologie de pointe et donc d’arriver à créer des pièces qui s’accrochent sans gêner le fonctionnement, par une série de boutons et de micros sur l’appareil auditif, sans glisser, sans que ce soit trop lourd pour la personne qui le porte.
Quels ont été les défis majeurs ?
FandDStudio – Les appareils auditifs sont habituellement inesthétiques et dissimulés au maximum ; là on voulait le faire briller. Pas le dissimuler mais au contraire l’assumer totalement, pour que le bijou devienne une force et une fierté, quelque chose de véritablement désirable. Il y avait un challenge de texture, pour développer des accessoires qui travaillent sur le toucher, l’ouïe, les sensations. On a voulu créer une bulle acoustique isolante ; on a rencontré un formier de Maison Michel pour travailler la forme de façon traditionnelle, ça a été un vrai voyage dans le temps. On a donc réussi à concevoir un design qui enveloppe la tête et se referme sous le menton pour une immersion encore plus extrême que d’ordinaire. Ces façons de faire ont été une vraie nouveauté pour nous.
Patrick Goossens – La contrainte de l’appareil auditif était complexe. On a travaillé avec des résines, laquées avec un dégradé de couleur, on a mis en place des façons de faire pour se raccorder avec des spécialistes.
Priscilla Royer – Le duo travaillait des matières techniques, du nylon réfléchissant, des visières crantées. On a travaillé avec du PVC pour voir comment il réagit à la chaleur. On a poussé plus loin techniques ancestrales. Il y avait un vrai ping-pong en interne, elles sont arrivées avec une mini-maquette en impression 3D, ce qui est nouveau pour Maison Michel.
Et quel a été le résultat ?
FandDStudio – On a fait une coiffe et une visière autour du thème du silence comme on peut l’entendre dans les fonds aquatiques, qui jouait avec la perception du son sous l’eau, ce qu’on a réussi à faire en mariant les savoirs de toutes ces maisons, pour faire un objet aussi beau qu’abouti techniquement, avec, en plus, un plissé de la maison Lonion en polyuréthane.
Patrick Goossens – Ça s’est terminé par des gouttes de rosée en métal brillant qui ornent cette coiffe. On a pris un mécanisme pour traverser ce tissu-plastique, avec la précision d’une pratique horlogère.
Priscilla Royer – Le métal était trop lourd donc on a recreusé la forme pour arriver à un poids qui soit portable, avec comme deux univers qui se côtoyaient ; ce tissu-plastique avec une mini-visière était d’une grande complexité. Le résultat a été une belle expérience pour nous tous.
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