Lors du congrès du Parti Socialiste, qui se tenait ce week-end à Aubervilliers, Olivier Faure a été officiellement intronisé à la tête du parti. Retour sur le parcours de celui qui se décrit avant tout comme un « militant », et sur les nombreux chantiers à venir.
Le Parti Socialiste (PS) tient son nouveau premier secrétaire: Olivier Faure, 49 ans, a inauguré ses nouvelles fonctions lors du congrès annuel du parti à la rose, qui se tenait du samedi 7 au dimanche 8 avril à Aubervilliers. Plébiscité lors de l’élection socialiste mi-mars, le député de la 11e circonscription du Val-de-Marne aura la responsabilité d’insuffler une nouvelle dynamique au PS, et devra incarner le renouveau d’un parti au bord du gouffre.
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Le nouveau visage du PS
Devant une foule enthousiaste, Olivier Faure s’est pour la première fois exprimé en tant que premier secrétaire du PS, comme le rapporte Le Monde. Parmi la foule, ses anciens adversaires pour de l’élection socialiste: Luc Carvounas, Emmanuel Maurel et Stéphane Le Foll. Mais aussi les deux anciens premiers ministres que sont Bernard Cazeneuve et Jean-Marc Ayrault. Najat Vallaud Belkacem, qui a parfois été pressentie pour prendre la direction du PS, était elle aussi de la partie et a été copieusement applaudie.
« Nous serons les seuls à donner la parole aux citoyens de ce pays », a affirmé Olivier Faure. Pour cela, il souhaite mettre en place une plateforme en ligne pour consulter militants et citoyens. « Je serai intraitable avec les pratiques frauduleuses, avec le sexisme et avec les discriminations », a également assuré celui qui a adhéré au parti socialiste dès ses 16 ans.
« Réinventer la gauche »
Avec comme objectif principal le « renouveau » d’un parti ravagé par ses divergences internes et le petit score obtenu par Benoît Hamon lors de l’élection présidentielle de 2017. Dénonçant les courants « hollandais, aubrystes, fabiusiens, rocardiens », il promet un « rassemblement » qui sera « une obligation et non pas une option. Je n’ignore rien de nos différences mais elles ne doivent pas nous faire oublier nos ressemblances », s’est-il justifié.
Un discours qui lui a permis d’être désigné nouveau chef du PS. Lors d’un débat télévisé sur LCI avec les autres candidats, il déclarait vouloir « rassembler, réinventer la gauche », « réapprendre à dire nous » et « faire confiance à de nouveaux visages« . « Sans Parti Socialiste fort, il n y aura pas d’alternance possible à gauche face au pouvoir actuel« , expliquait-il alors. Un positionnement qui lui a valu les soutiens de plusieurs figures majeures de gauche, telles que Martine Aubry, Najat Vallaud-Belkacem, Carole Delga ou encore Matthias Fekl.
Un parcours imprégné du socialisme
Mais surtout, ses propos ont trouvé un écho auprès des militants: avec 49% des voix, il pointait loin devant ses concurrents du 15 mars dernier. Stéphane Le Foll n’avait lui récolté que 26% des suffrages (avant d’abandonner au second tour), tandis qu’Emmanuel Maurel atteignait 18%, et l’ancien vallsiste Luc Carvounas 6%.
Juriste de formation, Olivier Faure a peu à peu gravi les échelons d’un milieu dont il connaît tous les rouages. En 1991, il a été nommé secrétaire général des jeunes rocardiens, et succédait alors à un certain Manuel Valls. Après avoir conseillé au cours des années 2000 Martine Aubry, François Hollande ou encore Jean-Marc Ayrault, sa carrière politique décolle véritablement en 2012, année durant laquelle il est élu député de la 11e circonscription de Seine-et-Marne avec près de 63% des voix.
Président du groupe parlementaire socialiste de l’Assemblée nationale
Deux ans plus tard, il devient l’un des portes-parole du parti. Un poste qu’il occupera d’août 2014 jusqu’à décembre 2016, moment où il est désigné président du groupe Socialiste, écologiste et républicain à l’hémicycle.
Mais au delà de son parcours, ce sont ses prises de position marquées qui lui ont valu la reconnaissance de ses pairs. Olivier Faure s’est par exemple toujours positionné contre la déchéance de nationalité, et souhaitait trouver un compromis sur la loi travail sans avoir recours au 49-3.
« On a toujours tort ne pas écouter la jeunesse »
Désormais, le député entend « inventer un nouveau logiciel socialiste ». Mais sans alliance avec La France Insoumise (FI) de Jean-Luc Mélenchon. « Ce ne sont pas des accords d’appareil qui feront la gauche, mais la construction de projets avec les citoyens », a-t-il annoncé à ce propos.
Le nouveau secrétaire du PS a également souhaité apporter son soutien aux « cheminots, aux salariés, aux agents, ceux qui se battent pour nos services publics » et a mis en garde le gouvernement à propos du blocage de la faculté de Tolbiac. « On a toujours tort ne pas écouter la jeunesse », a-t-il avancé, avant de poursuivre sur la politique migratoire: « il faut investir dans l’accueil des réfugiés. Ce que l’Europe a fait il y a dix ans pour sauver les banques, elle doit pouvoir le faire pour sauver des vies ». Son discours – résolument penché à gauche -, a été bien accueilli, et nourrit l’espoir des militants.
Une place à trouver
Son premier chantier sera de trouver un nouveau siège au PS, qui a décidé de vendre l’historique hôtel particulier de la rue de Solférino. « Il sera à notre image, fonctionnel et pas ostentatoire », a certifié Olivier Faure.
Mais le plus dur demeure de fédérer autour d’un parti en mauvaise santé. Notamment à cause du départ d’une partie du Mouvement des jeunes socialistes (MJS). « À partir d’Aubervilliers chacun est fixé, personne n’est contraint de rester. Le PS est le parti des socialistes. Le Mouvement des jeunes socialistes est le mouvement des jeunes socialistes », a-t-il déclaré. « Je crois en notre destin collectif. »
Mais les faits sont là: le nombre de députés socialistes a été divisé par dix, et de nombreux membres ont abandonné le navire à la dérive, pour rejoindre la majorité En Marche! ou le mouvement Génération-s. Olivier Faure devra donc offrir une alternative politique crédible, entre une majorité présidentielle de plus en plus contestée et les frasques répétées de la France Insoumise. Avec comme principal concurrent, l’ancien candidat socialiste à la présidentielle, Benoît Hamon.
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