A l’heure de Tinder, Grindr, Pornhub, qu’en est-il des sentiments ? Cela a déjà un nom, le quatrième sexe, ou l’intimité fièrement émotive.
Que sait-on de la personne ci-dessus ? “Je serais tentée de vous dire que j’ai 25 ans”, répond mystérieusement Lisa Signorini, une artiste dont les talents multiples lui permettent de passer du dessin érotique à des vidéos home-made sur le discours sentimental, de s’inventer une alter ego des internets, Lili Graffiti, émanation mi-Lolita (d’Alizée, pas Nabokov) mi-Docteur Love.
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Une chose est sûre : l’amour la passionne. Ou plutôt, l’envie de célébrer l’invisible, dans une ère où tout est trop représenté, ultracodifié, sexualisé et où chaque relation est transformée en objet de consommation et statement personnel.
Des références postadolescentes et hyperconnectées
Diplômée de la prestigieuse Rhode Island School of Design, elle prépare aujourd’hui une tripotée d’expositions entre Paris, New York et Moscou, et des impressions pour la marque Foo and Foo que lance Elizabeth Hilfiger, fille très punk du créateur américain.
On y découvrira, entre autres, des illustrations en noir et blanc qui mêlent une esthétique romantique macabre à des références actuelles postadolescentes et hyperconnectées.
Des sentiments inavouables mis en lumière
Ses personnages attendent avec une impatience mal dissimulée aussi bien un Uber qu’un Snap ou leur amante – et c’est précisément ces sentiments inavouables qu’elle veut mettre en lumière, des ressentis intemporels camouflés et faussement contrôlés dans le grand théâtre de l’intime 3.0.
“Mon travail parle du complot étrange de l’amour actuel : l’envie de liberté et d’un amour parfait, une espèce de danse macabre entre ces deux ressentis”, dit la jeune femme. Elle a déjà un terme pour ça, “le quatrième sexe”, clin d’œil à divers courants féministes.
Réapprendre à attendre, pleurer, souffrir
Tinder, Grindr, Chaturbate, où la quête d’un autre est avant tout une quête de soi face au regard des autres : “Les relations en tous genres, et même l’amour, sont érigés comme une base de réussite, un aboutissement personnel”, dit Lisa Signorini.
Aujourd’hui, si on s’annonce comme femme libre, “c’est presque honteux de s’avouer en couple classique et fidèle”. Pour elle, le futur se fera non dans l’empowerment viriliste et individualiste, mais dans l’abandon de soi face à l’autre. Réapprendre à attendre, pleurer, souffrir. Sans le uploader sur Instagram.
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