Marqueur d’époques en perpétuel mouvement, Dr. Martens, le chausseur anglais, se joue de la culture actuelle et de sa propre image.
Ceci est une chaussure signée Dr. Martens, surnommée Doc ou DM pour les intimes. Dans la mémoire collective, le chausseur britannique orne à tout jamais les petits petons de Kurt Cobain, Johnny Rotten ou Skunk Anansie.
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La marque ouvre un nouveau chapitre de son histoire avec sa collection estivale. Blanche et éclatante jusqu’à la dernière couture, celle-ci emprunte autant à son héritage underground qu’au minimalisme de Martin Margiela.
La quête d’un ancrage solide
Quand la marque voit le jour en 1947, elle séduit surtout les militaires, les policiers et les ouvriers. Les bikers, les skins et de nombreuses autres contre-cultures s’approprient les Doc par la suite.
Ainsi, au fil des époques, elles incarnent à la fois une perte de repères et la quête d’un ancrage solide. Dans les années 1970, les bottines montantes portées par les punks en livrent une version bondage et lacérée.
Puis leur version élimée, arborée par le mouvement grunge, révèle tout à la fois une pensée nihiliste et un rejet du capitalisme. Aujourd’hui, après des années Britpop favorisant un look émacié façon Gainsbourg aux chaussons Zizi aussi légers que les mœurs, la mode de nos gambettes est au retour d’une esthétique panurbaine et nostalgique, qu’il s’agisse de rééditions de baskets des années 1990 pour trentenaires voulant jouer les cailleras le long du canal Saint-Martin ou de ces Doc rappelant le rock de notre jeunesse.
Punk d’un nouveau genre
Paradoxale, la Dr. Martens blanche comme neige ? Précisément car elle reflète et déjoue la période que nous vivons. Quand l’underground n’est plus qu’à un clic de la culture de masse, que le grunge est plus produit de consommation que marqueur identitaire, une bottine militaire impec en devient punk d’un nouveau genre.
Cette chaussure ne fait pas semblant d’être amochée par les pogos enflammés, les backstages enfumés et les afters suants. Non, elle préfère rouler des mécaniques, pimpante et cirée, en plein jour. Notre rebelle des après-midi ne célèbre pas le pseudo vécu et l’usure travaillée au millimètre, mais préfère se tourner vers ce qui lui reste à vivre.
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