Après des défilés formatés pour la diffusion en ligne, une nouvelle tendance replace l’expérience humaine au cœur de l’événement.
Les jeunes femmes ci-dessus avancent dans une rue nippone, plus précisément dans le quartier de Harajuku, à Tokyo. Il ne s’agit ni d’une manifestation, ni d’une veillée nocturne, mais d’un défilé de la marque Koché.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Cortège sauvage baigné dans une bande-son du collectif techno aamourocean, épisode ouvert au public, corps qui se mêlent à ceux des passants. Bienvenue dans un défilé postinternet, désireux de replacer l’interaction humaine au cœur de l’événement, plutôt que de penser chaque pose, passage et tenue pour sa diffusion en ligne.
Réseaux sociaux
Petit rappel : autrefois, le défilé était l’apogée de six mois d’un travail acharné et était destiné à une poignée d’élus. Ces derniers étaient alors des passeurs chargés de raconter ce qu’ils avaient vu derrière les portes closes : les critiques couchaient leur avis sur le papier, les stylistes photo incluaient les pièces dans un récit de mode, les clientes se contentaient de les porter. Le peuple devait se satisfaire de cette relecture.
L’arrivée des réseaux sociaux change alors radicalement la donne. Des sites obtiennent le droit de retransmettre les défilés en live et gratuitement (nowfashion.com). Puis l’explosion d’Instagram permet aux invités de créer leur flux d’informations. Bientôt, les défilés ne se regardent plus que sur un écran de téléphone.
Spectacle vivant
Puis, naît le Instagram moment, ou le tableau final des shows, destiné seulement à sa prise de vue 3.0 (exemple : des mannequins prennent la pose sur le podium et le public pose avec eux).
En choisissant de défiler dans les rues de Tokyo ou sous la canopée du Forum des Halles, ou encore passage du Prado, à Paris, Koché opère donc une césure. Les mannequins marchent loin des caméras, se promènent dans la rue, créent un spectacle vivant qui n’est plus à la seule destination des objectifs.
“Un récit d’époque et des émotions”
“Le défilé est la première apparition publique des pièces, il se doit de dialoguer avec un contexte urbain plus large, pense Julien Lacroix, metteur en scène et directeur artistique des défilés de la marque. Penser la présentation comme un spectacle vivant, avec des zones de désordre, des espaces d’intrusions, des points de vue multiples, offre un récit d’époque et des émotions.”
Ainsi, comme les live imprévus et les visages masqués chez Avoc, les mannequins dans la pénombre chez Hood by Air, les performances chez Drône, c’est le contexte qui voit naître le vêtement que l’on célèbre.
{"type":"Banniere-Basse"}