Depuis 2001, les catastrophes d’origine naturelle ou humaine se sont multipliées. Certes, l’homme ne peut pas lutter contre la nature. Mais il a les moyens, par la volonté politique et l’intelligence collective, de limiter les effets de ces désastres.
Décidément, le XXIe siècle sera catastrophique ou ne sera pas. Le Eyjafjallajökul (ouf) est le deuxième volcan islandais après Björk à rayonner planétairement. L’évènement résonne vaguement avec l’attentat du 9/11 qui inaugura ce siècle pour au moins trois raisons : son épais nuage de cendres, son caractère inédit et universel, sa rapidité à vider une partie du ciel de tout trafic aérien. Dommage pour les Polonais que le volcan n’ait pas jailli une semaine plus tôt, il aurait pu clouer au sol l’avion de Kaczynski – mais le hasard des évènements n’en fait qu’à sa tête.
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Depuis 2001, les catastrophes d’origine naturelle ou humaine (parfois les deux) se sont multipliées : guerre en Irak, tremblement de terre et tsunami asiatique, ouragan Katrina, secousses sismiques élevées en Haïti, en Basse Californie, au Chili, en Chine, inondations et glissements de terrain à Rio, tempête dévastant le littoral charentais. N’oublions pas le tremblement de terre de la planète finance, dépassée par ses propres délires rapaces et sa complexité mathématique ingérable, qui nous ramène en Islande, pays en faillite.
Utilisée pour qualifier les terrains inondables des Charentes, l’expression « zone noire » semble plus apte à synthétiser cette succession d’évènements et leurs cortèges de morts et de dégâts. Au moins le volcan n’a-t-il pas fait de victimes, se contentant de paralyser les voyageurs, touristes et hommes d’affaires de l’Europe du Nord.
Les vulcanologues annoncent qu’une éruption peut durer des mois, voire des années. Est-ce à dire que le transport aérien européen est condamné pour longtemps ? On ose à peine imaginer les conséquences pour le coup cataclysmiques d’une fermeture prolongée ou récurrente de nos aéroports.
On entend déjà les Nostradamus de bistrot, les millénaristes de pochette surprise et autres charlatans ou prophètes de mauvais augure qui évoqueront l’apocalypse, le jugement dernier, la main invisible de Dieu. On peut toujours jouer à se faire peur en se plaçant dans une perspective poétique ou romanesque, façon Da Vinci code.
Mais sur le terrain réaliste et rationnel, on sait comment limiter (sinon éradiquer) les catastrophes, qu’elles soient d’origine humaine ou naturelle : par la volonté politique, l’intelligence collective, l’intervention des états. L’ouragan Katrina, la crise financière ou le séisme de Port-au-Prince en ont fait la cruelle démonstration en creux.
C’est grâce à l’action étatique et au principe de précaution que le nuage islandais est seulement un gros inconvénient, pas une tragédie. L’homme ne pourra jamais empêcher la terre de trembler ni les volcans de se réveiller : la nature n’est pas toujours un joli cliché vert, elle est parfois brutale, conjurant une vision trop idéaliste, culpabilisante ou totalisante de l’écologie.
Photo : le Eyjafjallajökul, fin mars 2010.
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