Selon le « New York Times », la NSA pirate des ordinateurs non connectés à Internet via un système d’ondes radio. Vous n’y comprenez rien ? Explications avec Jérémie Zimmermann de la Quadrature du Net.
Espionner un ordinateur non connecté à Internet ? Un jeu d’enfant pour la NSA, la toute-puissante agence de sécurité américaine au cœur de l’affaire Snowden (ici, ici ou encore ici). C’est ce que révèle le New York Times dans un article paru le 14 janvier.
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On y apprend que depuis 2008, la NSA a implanté un logiciel espion dans près de 100 000 ordinateurs dans le monde, la plupart du temps manuellement (un espion a implanté le logiciel à l’aide d’une clé USB, ou un fabricant a fondu le logiciel dans le matériel au moment de la fabrication, par exemple). Le logiciel repose sur un système d’ondes radio : la puce insérée dans l’ordinateur va émettre des données, en continu et à distance, sur une bande différente de celle du wi-fi, chiffrée et que l’on ne peut donc détecter. S’appuyant sur des documents révélés par Edward Snowden, le New York Times précise que les iPhones peuvent eux aussi être ciblés.
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Qu’est ce que ces informations changent par rapport à ce que l’on savait déjà de l’espionnage international orchestré par la NSA ? « Les premières révélations portaient sur l’ampleur de la surveillance de masse : tous les citoyens du monde sont espionnés. Là, on découvre la profondeur de la surveillance menée par la NSA et l’articulation entre la surveillance de masse et la surveillance ciblée« , explique Jérémie Zimmermann, cofondateur de la Quadrature du Net, l’association française de défense des droits et libertés des citoyens sur Internet. Interrogé par le New York Times, James Andrew Lewis, expert en cyber-sécurité au Centre d’études stratégiques et internationales à Washington, précise :
« Ce qui est nouveau ici, c’est l’échelle de sophistication des compétences de l’agence de renseignement. Certaines de ces capacités étaient connues depuis un moment, mais la combinaison des moyens de pénétrer les systèmes afin d’y implanter un logiciel et des moyens d’utiliser les fréquences radio a donné aux Etats-Unis une fenêtre qu’ils n’ont jamais eu auparavant. »
La NSA, elle, se défend de toute stratégie offensive, expliquant que ce système d’espionnage fait partie d’un arsenal uniquement défensif. « Les activités de la NSA sont centrées et déployés contre – et uniquement contre – les cibles de renseignements étrangères pour répondre à des besoins de renseignements. Nous n’utilisons pas nos capacités en renseignements pour voler les secrets d’entreprises étrangères au nom de compagnies américaines et dans le but d’améliorer la compétitivité internationale ou d’augmenter leur profit« , a assuré Vanee Vines, porte-parole de la NSA, au New York Times.
Pour Jérémie Zimmermann, les révélations de l’affaire Snowden prouvent que « les hackeurs du logiciel libre avaient raison » :
« On a fait confiance à des technologies qui étaient là pour nous espionner. C’est comme la fin de l’âge d’or de l’amiante : là on va surement déchanter de la même manière pour l’ensemble des technologies grand public. Il va falloir beaucoup de temps pour que tout le monde puisse en finir avec la dépendance à ces produits et que la société soit libre ».
S’il est certain qu’il y aura « un avant et un après Edward Snowden« , Jérémie Zimmermann précise : « On est qu’au début de tout ça. Une source proche du dossier m’a dit qu’on n’en était qu’à 5% des révélations ».
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