Quelques semaines après le “Fiscal Kombat” de la France insoumise, le FN vient lui aussi de se doter d’un jeu vidéo de campagne avec “Marine Présidente 2017 : le jeu”. L’occasion de s’essayer au jeu du FN, cette fois-ci au sens littéral.
Suivant le même schéma que son penchant insoumis, ce jeu vidéo est lui aussi développé par des militants de La Taverne des patriotes, le réseau Discord de la communauté web du FN. Si les créateurs du jeu récusent toute intervention directe du parti frontiste dans son développement, le jeu a depuis été relayé par de nombreux soutiens & membres du parti dont son porte-parole Florian Philippot.
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Comme moi jouez à https://t.co/5qbW8P2Nq3 et faites gagner Marine, pour la France ! https://t.co/FFcIF3bmq6
— Florian Philippot (@f_philippot) April 30, 2017
Elaboré à l’aide de l’outil RPG Maker, qui permet à n’importe qui de créer en quelques heures un jeu de rôle de bonne facture, celui ci prend la forme d’un RPG classique semblable aux premiers opus de la franchise Final Fantasy. Une fois la partie lancée, nous voici dans la peau de Marine Le Pen, toute fringante dans son skin de princesse blonde, tout juste acquitté de ses 500 parrainages. Seule contre tous face à l’adversité, elle est l’élue qui pourra ramener l’équilibre dans une France en proie aux pires ignominies et lui faire retrouver sa gloire d’antan.
Face au boss final : l’oligarque Macron.
Sa mission est alors de pénétrer dans le palais du Front républicain afin de convaincre un à un les 9 candidats de la rejoindre puis d’affronter dans un ultime combat le boss final : l’oligarque Emmanuel Macron. Guidée par Florian Philippot, elle parcourt une à une, à la manière de la ligue Pokémon, les salles abritant ses adversaires politiques qui se dressent sur son chemin.
Dans un ordre bien précis (celui des suffrages du premier tour), on y affronte donc à tour de rôle les petits candidats comme les grands pontes de cette campagne présidentielle. Les combats se déroulent au tour à tour comme dans tout bon RPG à l’ancienne. Marine Le Pen armée de son “Programme du FN” et protégée par son “Protectionnisme français” (oui, c’est réellement ce que dit la fiche équipement), doit alors choisir de discuter (attaquer avec son “patriotisme”), d’utiliser sa politique (la magie avec son “Discours enflammé” ou sa “Volonté glaçante”) ou de se protéger des nombreuses attaques de ses adversaires. Après quelques combats, Marine pourra monter de niveau et acquérir aussi une sort de soin appelé “Soutien populaire”, fort utile pour continuer sa quête.
Petite précision, si le Fiscal Kombat de la France insoumise malgré son côté parodique apportait un minimum de challenge une fois les 10 premières minutes passées, ici le jeu du FN est d’une facilité déconcertante et d’une intérêt limité. A moins de le faire exprès, il est quasi impossible d’approcher le Game Over pour la candidate du FN (malin) et le jeu se plie en une vingtaine de minutes.
La réalisation n’est là aussi pas du tout au même niveau si on l’a compare à Fiscal Kombat. Ce dernier avait demandé plusieurs mois de développement et reste un jeu 100 % original dans sa réalisation. Ici nous sommes en présence d’un jeu avant tout amateur qui a été réalisé dans un laps de temps très court en vue du contexte. Et c’est là que son côté militant prend tout son sens. Hanté par le spectre du second tour à venir, ce jeu remplit seulement son rôle de moquer gentiment les adversaires du FN, tout en délivrant un certain message de rassemblement.
Macron Fantasy XVII
L’écriture du jeu comprend donc de nombreuses blagues ou de remarques disséminées dans les salles et les dialogues, sur les programmes ou le caractère des différents candidats. On y croise un Cheminade moqué en geek désireux d’explorer Mars, un Dupont-Aignant en copycat ou encore un Hamon zozotant en groupie de François Hollande. Chaque discussion d’avant et d’après combat peut se résumer par “Nous sommes en désaccord, mais nous devons nous unir contre le candidat d’En Marche.”
Cette drague atteint son paroxysme avec Jean-Luc Mélenchon, dont l’écriture du combat met en scène son indécision tout en soulignant les nombreux points communs entre les deux programmes. Après avoir mis rapidement en déroute les 9 éliminés du premier tour, Marine Le Pen se retrouve enfin face à son adversaire virtuel comme dans la réalité : Emmanuel Macron. Le candidat d’En Marche est dépeint avec les traditionnels éléments de langage des anti-Macron, érigé comme un pantin de la finance et chef mégalomane de sa secte dont les adorateurs ont été endoctrinés.
Seul combat proposant un minimum de difficulté, il reste tout de même assez aisé de se débarrasser de “l’élu de la finance”. D’autant plus que notre héroïne sera rejointe en fin de combat dans un deus ex machina de rigueur par un Jean-Luc Mélenchon et un Nicolas Dupont-Aignan ayant tous les deux finalement décidé de combattre la menace Macron aux côtés de la candidate.
Même si ce n’est pas la première fois que le FN s’intéresse au jeu vidéo en tant qu’outil de communication, il est difficile ici de ne pas voir une continuité dans la stratégie web du FN de draguer une certaine tranche d’électeurs et une communauté comme celle de jeuxvideo.com notamment par l’utilisation de symboles de cette culture comme la Risitasse.
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