De l’explosion du jeu indépendant au triomphe de la Switch en passant par le sinistre Gamergate, de « Red Dead Redemption » à « Zelda » et de « Pokémon Go » à « Life is Strange », la décennie 2010 a été particulièrement riche en événement dans le monde vidéoludiques. Voici, à nos yeux, ses 50 jeux les plus marquants.
« Just gimme indie rock ! » s’exclamait l’immense Lou Barlow, le chanteur du groupe Sebadoh, dans un single fondateur de 1991. Cela a pris un certain temps, mais le jeu vidéo en est à son tour arrivé là : à une situation où il ne serait pas totalement absurde d’assurer fièrement ne s’intéresser qu’à ce qu’en font les créateurs indépendants. Ce serait un peu dommage, parce qu’on trouve encore bien des merveilles chez les gros éditeurs, mais pas fondamentalement aberrant, et c’est au cours de la dernière décennie que tout a changé.
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Les bases avaient été posées au cours des années 2000 avec l’émergence des boutiques de jeu en ligne (Steam, Xbox Live Arcade, App Store, PlayStation Store…) permettant aux auteurs indépendants de s’émanciper des circuits de distribution traditionnels et les sorties rapprochées d’un certain nombre de productions indées emblématiques (Braid, Castle Crashers, Aquaria, World of Goo…) Mais, au cours de la décennie 2010, ce fut l’explosion, grâce aussi à la démocratisation des outils, logiciels ou moteurs nécessaires à la création des jeux (Unity, Game Maker…) et à l’émergence d’éditeurs ou de distributeurs « amis » des indés, comme Devolver aux Etats-Unis ou Plug In Digital en France, qu’il ne serait pas forcément idiot de voir, toutes proportions gardées, comme les Rough Trade, les Sub Pop ou les Death Row du jeu vidéo.
La décennie 2010 fut ainsi celle de Gone Home, de Stardew Valley, d’Undertale, d’Inside, de Papers, Please, de Kentucky Route Zero ou d’Untitled Goose Game autant que de Destiny et de Red Dead Redemption. Quel que soit le gouffre qui les sépare en termes de budgets de production et de puissance marketing, les premiers sont désormais en mesure de regarder en face les seconds et même, de temps en temps, de leur faire un peu d’ombre.
Mais cette émergence d’une production vidéoludique plus riche et diverse ne s’est pas faite sans heurts. La décennie aura ainsi été marquée par le sinistre mouvement réactionnaire du Gamergate, né au cours de l’été 2014 et dont les campagnes de harcèlement visèrent principalement les femmes et les progressistes, subsidiairement les artistes, et plus généralement tous ceux qui, dans le monde vidéoludique, semblaient remettre en cause la domination de la vieille culture mâle, blanche et « apolitique » (donc de droite).
Riches en jeux-« phénomènes », de Minecraft (dont la toute première version remonte à 2009) à Fortnite en passant par League of Legends ou Pokémon Go, les années 2010 se terminent sur le succès, inattendu dans ces proportion, d’une plateforme pas comme les autres et qui, avec le recul, semble l’aboutissement logique de la décennie. A la fois console de salon HD, nouvelle GameBoy et tablette repensée, la Switch de Nintendo est la machine à jouer qui réconcilie (à peu près) tout le monde et se goinfre joyeusement à tous les râteliers avec ses productions maison (dont Zelda : Breath of the Wild, notre jeu de la décennie), ses blockbusters (moins spectaculaires, pour des raisons technologiques, que chez la concurrence, cependant), ses free-to-play ou ses remakes rétro. Et qui est aussi devenue fort logiquement un temple moderne du jeu indépendant.
50 – Depression Quest (The Quinnspiracy)
49 – Grand Theft Auto V (Rockstar Games)
48 – Detroit : Become Human (Quantic Dream / Sony)
47 – Virginia (Variable State / 505 Games)
46 – Everything (David OReilly / Double Fine)
45 – Luxuria Superbia (Tale of Tales)
44 – Destiny 1 & 2 (Bungie / Activision)
43 – Rayman Origins & Legends (Ubisoft)
42 – Stardew Valley (ConcernedApe / Chucklefish)
41 – Nier : Automata (Platinum Games / Square Enix)
40 – Florence (Mountains / Annapurna Interactive)
39 – What Remains of Edith Finch (Giant Sparrow / Annapurna Interactive)
38 – Resident Evil 7 : Biohazard (Capcom)
37 – A Plague Tale : Innocence (Asobo Studio / Focus Home Interactive)
36 – Assassin’s Creed : Odyssey (Ubisoft)
35 – Return of the Obra Dinn (3909 LLC / Warp Digital)
34 – Rocket League (Psyonix)
33 – Dishonored 1 & 2 (Arkane Studios / Bethesda)
32 – Untitled Goose Game (House House / Panic Inc.)
31 – Hotline Miami 1 & 2 (Dennaton Games / Devolver Digital)
30 – Uncharted 3, 4 & The Lost Legacy (Naughty Dog / Sony)
29 – Baba is You (Hempuli)
27 – The Witnesse (Thekla Inc.)
26 – Night in the Woods (Infinite Fall / Finji)
25 – Inside (Playdead)
24 – Persona 5 (Atlus / Deep Silver)
23 – Proteus (Twisted Tree / Curve Studios)
22 – Pokémon Go (Niantic / The Pokémon Company)
21 – The Walking Dead (Telltale Games / Skybound)
20 – Her Story (Sam Barlow)
19 – Mass Effect 2 & 3 (Bioware / Electronic Arts)
18 – Papers, Please (3909 LLC)
17 – The Last Guardian (GenDesign / Sony)
16 – Dragon Quest XI : Les Combattants de la destinée (Square Enix)
15 – Dark Souls 1, 2 & 3 (FromSoftware / Bandai Namco)
14 – Undertale (Toby Fox)
13 – The Witcher 3 (CD Projekt RED / Bandai Namco)
12 – Bayonetta 1 & 2 (Platinum Games / Sega / Nintendo)
11 – The Last of Us (Naughty Dog / Sony)
10 – Sayonara Wild Hearts (Simogo / Annapurna Interactive)
9 – Red Dead Redemption 1 & 2 (Rockstar Games)
8 – Gone Home (The Fullbright Company / Annapurna Interactive)
7 – Super Mario Odyssey (Nintendo)
6 – Tetris Effect (Monstars / Resonair / Enhance)
5 – Kentucky Route Zero (Cardboard Computer)
4 – Journey (Thatgamecompany / Sony)
3 – Polybius (Llamasoft)
2 – Life is Strange 1 & 2 (Dontnod / Square Enix)
1 – The Legend of Zelda : Breath of the Wild (Nintendo)
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