Benoît Hamon a lancé sa campagne pour les élections européennes, à la tête d’une « alliance citoyenne ». Près d’un an et demi après le lancement de son mouvement, qu’attendent de Génération.s les militants et sympathisants venus au meeting ?
Il est 22 heures passées ce jeudi soir, rue Amelot, à Paris. Il y a deux jours, Benoît Hamon annonçait, dans une interview au Monde, sa candidature aux élections européennes à la tête d’une « alliance citoyenne ». Le meeting de lancement de sa campagne vient de s’achever. Adèle, Pascal et Louise discutent devant le Cirque d’Hiver. Adèle a entendu parler de l’événement par les réseaux sociaux et ses amis l’y ont suivi. Benoît Hamon, son discours, sa personnalité leur plaisent : « c’est le seul à ne pas être un gros taré », avance Louise, qui travaille dans une agence de design, « il est anti-démagogique ».
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Pascal est un ancien militant du Parti socialiste (PS), devenu AVS (accompagnateur de vie scolaire) dans un collège. Le militantisme ? « Plus jamais ça ». Pour l’élection européenne qui vient, il hésite entre le PS et Génération.s et regrette qu’Hamon n’ait pas clarifié sa position envers chaque mouvement de la gauche.
« Ça fait du bien d’entendre quelqu’un qui n’est pas toujours dans la négation, le contre », estime Adèle. L’ouverture à toute la gauche, française et européenne que propose Benoît Hamon, sa vision de l’Europe et l’importance donnée à l’écologie font mouche. Ce jeudi soir, Adèle voulait avant tout « voir », par « curiosité », le mouvement de l’ancien candidat à la présidentielle. Elle ne pense pas adhérer comme militante, mais Génération.s a sa préférence pour les élections à venir.
Les sympathisants conquis, Hamon gonflé à bloc
Qu’ont-ils pu voir ? Un cirque d’hiver rempli et un Benoît Hamon qui a nettement affermi le ton et le fond de son discours. Des drapeaux européens, français, Génération.s, blancs ou aux couleurs du parti (rouge et vert), et LGBT, sont brandis. Des pancartes vertes ou rouges sont disposées sur les sièges. On y lit le slogan de la campagne européenne de Benoît Hamon : « Hope is back/L’espoir revient ».
La salle de quelques 1 500 places est comble. Lorsque Benoît Hamon prend la parole, le public est chauffé à blanc. Le meeting est réussi pour les organisateurs. Nicolas Braemer, à la tête de la communication du parti, opine : « c’est une bonne surprise. Quand on organise un meeting, on n’est jamais sûr du résultat ». Ancien militant socialiste, il assure sentir « une bonne dynamique ». Il voit revenir des visages de partisans qui avaient pris leur distance avec la politique après les présidentielles et qui rejoignent désormais Génération.s.
L’ancien candidat à l’élection présidentielle se montre d’emblée très offensif contre Emmanuel Macron, le « président du kérosène », et sans le nommer, tacle Jean-Luc Mélenchon, qui voulait incarner « la plus belle des oppositions ». Pendant une heure et demi, il revendique la « radicalité des solutions », qu’il propose, écologiques, sociales, humanistes et européennes. La thématique de l’écologie est omniprésente.
Un « renouvellement » écologique et démocratique
Dans le cirque, nous rencontrons Rémy. Il approche la soixantaine, des lunettes rondes et noires cerclent son regard. Il a longtemps été militant d’Europe Écologie Les Verts (EELV) avant de partir en 2012, avant l’élection présidentielle. Ce soir, il est venu chercher le « renouvellement » et il est persuadé qu’à gauche, Génération.s est le seul parti à pouvoir l’incarner en étant à la hauteur des défis écologiques. Il a rejoint le mouvement cet été.
Plus haut dans les gradins, Agnès assiste au premier meeting de sa vie. La cinquantenaire habite le 20e arrondissement de Paris. Elle a rejoint le mouvement alors qu’elle n’avait jamais milité. Il fallait qu’elle fasse quelque chose. Elle aime Benoît Hamon pour sa « façon de faire », plus « intime », loin de Jean-Luc Mélenchon qui, selon elle, « a dérapé ». Hamon « nous ressemble », « il nous parle », explique-t-elle, il paraît plus « proche de nous », nous pourrions « discuter avec lui à une table et il nous parlerait normalement ».
Une personnalité aimée… et persuasive
L’adhésion au personnage de Benoît Hamon se retrouve chez les sympathisants de tout âge. Simon, étudiant à Sciences-Po de fraîche date, veut militer mais n’est pas certains de savoir où, « avec toute la division à gauche ». Mais, après le meeting, c’est sûr : « il va finir pas s’engager pour Génération.s », même si « aux européennes, on va en prendre plein la gueule » (Sic.). Il a suivi une amie, Lélia, qui milite activement pour le groupe Génération.s de l’école.
Tous deux sont d’accord, Benoît Hamon est honnête, ses idées leur parlent et surtout, il s’adresse véritablement aux citoyens, d’égal à égal, en appelant à leur intelligence et leur participation démocratique. Il mène un travail de fond. C’est cet aspect qui attire également Christian et son épouse, un couple parisien d’une soixantaine d’années. « La culture c’est important », insiste-t-elle.
Question sociale et « gilets jaunes »
Pour son mari, qui vient tout juste de quitter le PS, « le problème, c’est qu’il n’a pas suffisamment montré son soutien aux gilets jaunes ». Christian était venu pour savoir où situer Benoît Hamon samedi. Déçu, à la question de savoir si lui-même serait à la marche du climat ou avec les « gilets jaunes », sans hésitation, il répond : « les gilets jaunes ».
Benoît Hamon a été très clair aux sujets de ce mouvement dans son discours. Il « condamne » la violence mais – « et [il] assume ce mais » – il s’oppose sans équivoque à « ceux qui voudraient dissoudre le peuple parce qu’il ne leur plaît pas ». « Notre responsabilité, c’est l’espoir », clame-t-il, à l’opposé de « ceux qui exploitent la colère ». Le candidat se réfère à la tribune d’Edouard Louis pour « mettre des mots », sur sa position à l’égard des « gilets jaunes ».
>> Retrouver la tribune d’Édouard Louis parue dans Les Inrockuptibles ici.
C’est ce discours social qui a persuadé Philomène, la trentaine, à rejoindre Génération.s. Elle votait NPA, en 2017, elle a choisi Benoît Hamon : « qui aurait-cru que je voterais un jour pour le PS !?! » Elle a dépassé cet obstacle parce qu’elle estime que lors de la dernière élection présidentielle, Benoît Hamon était « le seul à avoir saisi les véritables enjeux du travail du 21e siècle ».
Le trésorier du mouvement, Bastien Recher revient sur la composition du mouvement. Si « les actifs [entre 30 et 50 ans. Ndlr.] », tendent à manquer, les jeunes d’une vingtaine d’années, et les plus vieux, en âge de s’inquiéter pour leurs petits-enfants, constituent le gros des militants. Tous trouvent des raisons d’espérer dans le mouvement de Benoît Hamon qui s’est ouvert à tous les courants d’une « gauche progressiste ». « D’autres meetings sont déjà prévus au cours de la campagne […] [qui] se fera sur le terrain, dans des petites salles ».
Un sondage, réalisé par Elabe pour BFM TV, révélé le 7 novembre, créditait pourtant Génération.s de 2,5 % des intentions de vote, à égalité avec le Parti communiste, derrière le PS et EELV et LFI, qui dominait à gauche avec 11 %. Néanmoins, Benoît Hamon lui-même, jouit d’une opinion plus favorable. Le baromètre du Figaro Magazine, publié le 6 décembre, le positionne en quatrième place des politiques que les Français veulent « voir jouer un rôle important au cours des mois et des années à venir ». Avec 23 % de l’opinion, il n’est devancé que par Nicolas Hulot (46 %), Jean-Luc Mélenchon (29 %) et Ségolène Royal (28 %). Ce premier soir, Benoît Hamon semble avoir convaincu ses fidèles venus l’écouter.
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