Norman Rockwell cultivait le réalisme jusqu’à l’excès, ses illustrations brossant le portrait d’une Amérique dans ce qu’elle avait de plus touchant et révoltant. A l’image de Lana Del Rey, qui chante le mal de vivre provoqué par l’incompréhension d’un amant comme par les odeurs rances de la société américaine, détournant le pathos par l’ironie et le bon mot – “You hate the heat, you got the blues”, peut-on entendre dans California. Tempos au ralenti, violons et pianos à fendre l’âme…
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Oubliant les soubresauts hip-hop de Born to Die (2012) ou l’habillement rock’n’roll d’un Ultraviolence (2014), Norman Fucking Rockwell ! s’avère un retour aux sources vers lequel la chanteuse n’a jamais cessé de tendre : une pop orchestrale ultra-référencée, dont les arrangements subliment la beauté de sa voix. Toujours nostalgique, elle raconte les larmes, l’alcool, les rendez-vous manqués, les disques des Rolling Stones, les concerts de Crosby, Stills & Nash, l’aura des Beach Boys.
Sa ferveur est toujours maîtrisée, en témoigne la distance ouatée de Cinnamon Girl, né d’un haïku : “You’re touching me/All the pills that you did/Violet, blue, green, red to keep me/At arm’s length don’t work.” Et puis il y a cette reprise de Doin’ Time du groupe californien Sublime, dont l’original samplait déjà le sempiternel Summertime. La bande-son idéale d’une virée à Venice Beach – Venice Bitch façon Lana Del Rey, toujours influencée par l’hypnotisante urbanité de Los Angeles, dont elle est l’un des plus beaux anges.
“Norman Fucking Rockwell!” (Interscope Records/Polydor)
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