En quatre épisodes passionnants, cette série “LSD” de Manon Prigent sur France Culture retrace une histoire du non-désir d’enfant, de ses origines religieuses à ses récentes justifications environnementales.
À partir d’un certain âge, cette question, on nous l’a, ou on se l’est soi-même, tous et toutes, posée : a-t-on un désir d’enfant et si oui de quelle façon l’exprimer (grossesse, adoption, PMA, GPA) ? Selon les chiffres de l’Institut national d’études démographiques, ils et elles sont aujourd’hui 5 % à ne pas avoir eu d’enfant par choix et environ 20 % à n’en avoir pas eu pour d’autres raisons (économiques ; incapacité physique ; ne pas avoir trouvé la bonne personne pour former une famille tout en refusant la monoparentalité, etc.).
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Mais un récent sondage (réalisé par Elle en partenariat avec l’Ifop) indique que la part des personnes en âge de procréer désirant avoir un·e enfant chute depuis une dizaine d’années. Et 43 % des femmes de 25 à 34 ans estiment aujourd’hui que devenir mère n’est “pas vraiment nécessaire” à leur épanouissement personnel – contre 12 % dans les années 2000.
Une idéologie de la non-parentalité
En quatre épisodes d’une heure au contenu dense, fluide et pluridisciplinaire – comme toujours avec LSD –, Non merci, pas d’enfant commence par évoquer le motif écologique, aujourd’hui très souvent avancé. “La vie humaine est directement menacée […] pourquoi on ne demande pas plutôt aux gens qui font des enfants pourquoi ils [en] font encore ? […] honnêtement il faut être fous”, affirme la première personne interrogée.
Mais loin d’être un moratoire contre le désir d’enfant, le podcast questionne aussi ce renoncement à l’aune de la dénonciation, par quelques spécialistes de l’écologie, de cette idéologie de la non-parentalité en tant que summum de l’individualisation d’un problème avant tout collectif ; en plus d’être un non-sens pratique, puisque la façon dont on exploite les ressources terrestres ne dépend pas du nombre d’êtres humains mais de la façon dont on les exploite.
De nos jours, ce sont les classes moyennes et aisées qui font moins d’enfants
Le podcast élargit ensuite ses perspectives et replace ce non-désir dans l’histoire en partant du renoncement à la chair, et par voie de conséquence à la parentalité, propre au christianisme. Après ce détour théologique, c’est à la sociologie de prendre le relais. On y apprend que lors des siècles précédents, le fait de ne pas vouloir d’enfant et parfois l’abandon sous X étaient avant tout le fait de la pauvreté des parents. Alors que paradoxalement, de nos jours, ce sont les classes moyennes et aisées qui font moins d’enfants que les classes populaires.
Avant un dernier épisode très beau sur des récits de vie pleine et sans progéniture, Non merci, pas d’enfant aborde aussi la problématique selon l’angle du féminisme, en interrogeant des hommes ayant choisi la vasectomie et en rappelant surtout à quel point la société fait peser ce renoncement de façon beaucoup plus lourde sur les épaules des femmes.
Non merci, pas d’enfant de Manon Prigent sur France Culture.
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