Le lancement réussi de la Nintendo Switch n’a pas mis fin aux critiques sur son catalogue de jeu. En résumé : sur la console hybride, il y aurait le nouveau (et excellent) volet de « La Légende de Zelda » et, à part ça, rien – rien de notable, en tout cas. Malgré sa sortie récente, la Switch ne manque pourtant pas de perles ludiques. Voilà nos six préférées.
Record battu. Disponible depuis le 3 mars, la Switch de Nintendo s’est vendue en France à 105 000 exemplaires au cours de son premier week-end de commercialisation. Ce total, aucune autre console (ni la PS2, ni la PS4, ni la Wii) ne l’avait atteint par le passé. Les premiers chiffres en provenance du Japon et des Etats-Unis confirment la tendance : hybride de portable et de console de salon (une fois posée sur son socle relié à la télé), la Switch a réussi son lancement.
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Après l’échec commercial de la Wii U, cela donne toutes les raisons de croire à un rebond de Nintendo (lequel ne se confirmera cependant, ou non, que dans la durée). A la stupéfaction de certains observateurs qui, avant même sa sortie, portait un jugement très sévère sur le catalogue initial de la machine, l’idée générale étant qu’à part le fabuleux (vraiment : c’est l’un des tout meilleurs jeux de tous les temps) nouvel épisode de la saga Zelda, il n’y aurait rien sur Switch.
A y regarder de plus près et en tenant compte à la fois de la période de l’année (qui n’est pas celle des blockbusters multiplateformes type FIFA ou Call of Duty), de l’évolution des modes de distribution (les jeux en version « boîte » ne sont pas tout) et de la poussée des indés, on en vient même rapidement à la conclusion inverse : au-delà des simples portages (Skylanders, Just Dance) et du discutable (car audacieux mais limité) 1-2-Switch, le line-up de lancement de la Switch se révèle tout à fait remarquable. La preuve en six jeux.
Fast RMX
Shin’en Multimédia, 19,99€ (téléchargement)
La série F-Zero étant en sommeil depuis plus d’une décennie, l’excellent studio allemand Shin’en s’est dévoué pour reprendre le flambeau du jeu de course futuriste très (oui : vraiment très) rapide. Aboutissement d’une démarche entamée sur Wii et poursuivie sur Wii U, Fast RMX se révèle largement à la hauteur de son modèle, la moindre de ses qualités n’étant pas sa manière de donner toujours au joueur le sentiment qu’il peut faire mieux sans le punir pour autant. Mais, par rapport à F-Zero, il y a un twist : pour profiter des zones d’accélération oranges ou bleues disposées en différents points de circuits parfois vertigineux, il faudra reconfigurer notre cerveau, devenir multitâches et, d’une pression sur une touche de la manette, modifier la couleur de notre vaisseau en conséquence. Au bout de l’effort : l’ivresse, le flow, l’envol.
Shovel Knight : Treasure Trove
Yacht Club Games, 24,99€ (téléchargement)
Pour son arrivée sur Switch, le chevalier à la pelle se démultiplie. Au jeu original et à son extension Plague of Shadows déjà disponibles sur d’autres plateformes s’ajoute désormais un troisième scénario, Specter of Torment, qui nous confie le destin d’un autre chevalier, squelette celui-là, sur le même principe que les précédents. Héritier revendiqué des jeux d’action de la fin des années 1980, de Castlevania à Mega Man en passant par Duck Tales – le chevalier rebondit sur sa pelle comme l’oncle Picsou sur sa canne –, Shovel Knight pourrait passer pour un simple exercice de style rétro. Mais, au-delà du pixel art, de la palette de couleurs limitée, des chiptunes et de la difficulté de certains passages, la trilogie de Yacht Club Games est beaucoup plus que cela : un monument hors du temps à la gloire du level design, cet art méconnu. Qui, au passage, révèle aussi quelque chose comme une poétique de la plaisanterie ludique. Il serait regrettable d’ignorer l’appel de la pelle.
Blaster Master Zero
Inti Creates, 9,99€ (téléchargement)
Sorti une semaine après la console, Blaster Master Zero est l’autre jeu néo-rétro de la Switch – dont la boutique en ligne propose aussi quelques vrais vieux jeux de la mythique console Neo Geo, dont le brillant et méconnu Waku Waku 7. Mais, cette fois, c’est de la véritable suite d’un classique de la NES qu’il s’agit : Blaster Master. Alternant séquences (en véhicule, essentiellement) vues de côté et phases de tir dans l’esprit de Commando ou d’Ikari Warriors, le jeu frappe autant par son sens du rythme que par son inventivité. Le pratiquer, c’est indéniablement retrouver quelque chose des jeux d’hier – il y a du Metroid en lui, aussi –, mais Blaster Master Zero n’est pas qu’un hommage, pas qu’une gourmandise pour gamers nostalgiques. Plus profondément, sa grande affaire est de redonner vie et de faire reprendre sa marche en avant à un art du passé (un peu) oublié. Lequel réussit haut la main le test de la modernité.
Snipperclips – Les deux font la paire
SFB Games / Nintendo, 19,99€ (téléchargement)
Projet indé pris sous son aile par Nintendo, Snipperclips est le meilleur ambassadeur de la dimension « sociale » de la Switch. Il suffit de détacher les deux manettes fixées de chaque côté de l’écran, de poser ce dernier sur sa « béquille » (ou d’allumer la télé), et c’est parti pour le jeu en coopération – on peut aussi pratiquer Snipperclips tout seul, mais c’est moins chouette. Chaque niveau est une énigme en deux temps. D’abord, il faut comprendre ce que l’on doit faire, et puis, ensuite, comment. Deux personnages à peine griffonnés occupent l’écran. Ils peuvent sauter, s’accroupir, se hisser sur la pointe des pieds et découper chacun des morceaux de l’autre pour modifier sa forme et faciliter certaines actions comme d’appuyer sur un interrupteur, de faire éclater un ballon… Rien n’est expliqué, tout est à découvrir dans ce jeu qui célèbre et fait joliment partager les plaisirs piquants de l’expérimentation.
VOEZ
Radar / Flyhigh Works, 20,99€ (téléchargement)
Toute console devrait posséder au moins un bon jeu musical. Sur ce plan, la Switch est bien servie car celui qui accompagne son lancement se révèle excellent. Déjà disponible sur mobiles mais dans une version avec achats intégrés, VOEZ, du studio taïwanais Rayark, débarque sur Switch (où il ne se joue qu’en mode tablette et pas sur la télé) avec, cette fois, toute sa playlist d’une centaine de morceaux accessible dès le départ. Entre J-pop, K-pop et electro plus agressive et/ou pompeuse, ces derniers ne sont pas forcément la musique que l’on écouterait spontanément, mais c’est peut-être plus une qualité qu’un défaut : hors des sentiers battus, place au souffle du dépaysement. Surtout, tout en reprenant la grammaire désormais établie des rhythm games mobiles – on doit taper, maintenir ou faire glisser son doigt –, VOEZ apporte un nouveau dynamisme au genre avec ses colonnes qui se déplacent à l’écran, jusqu’à donner l’impression d’un instrument de musique nouveau qu’on apprendrait peu à peu à maîtriser. Si, sur la Switch, on devait se contenter d’un seul autre jeu en plus de Zelda, ce serait sans doute lui.
Super Bomberman R
Konami, environ 50 € (boîte ou téléchargement)
C’est presque plus pour services rendus à la cause gamer que pour ses qualités propres que l’on inclut la version Switch du grand classique Bomberman dans cette liste. La déception vient de son mode solo, victime, comme pas mal d’autres jeux avant lui, d’une sorte de malédiction de la modernisation forcée avec ses effets de perspective qui font certes plutôt joli mais au détriment de la lisibilité et, en conséquence, de l’expérience de jeu. Reste le multijoueurs qui, de son côté, se révèle un peu léger. Super Bomberman R est donc une déception. Mais reste un Bomberman.
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