NKM : pas de quoi gagner Paris

« La dernière fois que je me suis emmerdé comme ça, c’était chez Le Nôtre », peste un serveur du Delaville Café. La moitié de ce bar branché des Grands Boulevards est réservé dimanche 23 mars pour les résultats du premier tour de la chef de file des listes UMP-UDI-Modem, Nathalie Kosciusko-Morizet. 20h30, à part quelques journalistes gelés et quatre cinq militants, le lieu est quasi vide. NKM doit s’exprimer vers 21h30 après les premières estimations solides sur les résultats parisiens. Jean-Marie et Acia, militants du XVIe arrondissement, attendent accoudés au bar. « Dans le XVIe, l’UMP pourrait faire élire un poney du Shetland », sourit Jean-Marie avant d’enchainer :

            {"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
          

« Hidalgo, personne ne sait qui c’est, personne ne sait ce qu’elle a fait et personne n’a la moindre idée de ce qu’elle fera. NKM boxe contre une ombre. La semaine qui vient ce sera projet contre projet et personne contre personne. Hidalgo tourne autour du ring, NKM va la coincer dans les cordes. »

Pour le moment, NKM Ali est recluse dans les vestiaires de son QG, situé à deux pas, rue de la Lune. Depuis 18h, elle définit avec son staff et quelques têtes de liste d’arrondissements les prochains éléments de langage. Les journalistes font le pied de grue. Certains élus entreront au compte-goutte, France 2, Le Monde, l’AFP, Paris Match. Les autres scrutent par la porte vitrée. Les attachées de presse font entrer caméras et photos pour prendre des images. Marielle de Sarnez, vice présidente du Modem avec lequel l’UMP a fait alliance dès le premier tour, est présente. Pas de Rachida Dati, ni de Claude Goasguen. Philippe Goujon, chef de l’UMP Paris et maire du XVe, ne va pas tarder. Jean-Luc Mano, ancien journaliste devenu spin doctor, sort fumer une clope et discuter avec les journalistes. Le score de EELV serait plus haut que prévu. Jean-François Legaret, maire du Ier [bientôt réélu au 1er tour] sort à son tour. « Dans mon arrondissement, on bat le record de participation : c’est le rejet des Halles et le casse de chez Colette. » Ecologie et insécurité, voilà deux éléments de langage.

Dans la petite rue qui lie le QG au Delaville, un journaliste télé réajuste sa cravate dans la glace du cinéma porno en piétinant un préservatif. Ce soir, Le Beverley programme Lèvres gloutonnes. Pendant que ses confrères poirotent dans le froid, NKM se fait un petit Hay Day sur son iPad [jeu de gestion d’une ferme] en grignotant une carotte. Pierre-Yves Bournazel, porte parole de NKM et tête de liste dans le XVIIIe, sort faire un tour au Delaville. Il insiste sur la légitimité verte de l’ancienne ministre de l’écologie et l’échec d’Hidalgo sur la pollution. « C’est plus serré que prévu », lâche-t-il. Selon, les premières estimations a peu près fiables la liste de NKM devancerait celle de Hidalgo de 1 point. Pas de quoi gagner Paris : Hidalgo a plus d’arrondissements et dans les swing « state » que sont le XIIe et la XIVe, la liste UMP-UDI-Modem est en déroute.

Pas de quoi gagner, mais de quoi sauver la com’ de la soirée. 21h45, NKM déboule sous une nuée d’objectifs. Goujon, Sarnez et Jean-François Lamour, député de Paris et vice président de l’UMP, montent à ses côtés sur la petite scène. En une minute, la salle est pleine à craquer. Beaucoup de journalistes, un peu plus de militants. Le « peuple de Paris », « libre et rebelle » a « fait mentir tous les pronostics (…) Nous pouvons y arriver ! J’appelle Paris à l’’insurrection démocratique ! », lance-t-elle. Au même moment, derrière elle, une jeune femme tend des tracts en appelant à la défense de l’intermittence. Panique, un petit groupe s’est faufilé sur la scène et tente de s’emparer du moment médiatique. Jean-François Lamour, ancien champion olympique, attrape un intermittent, le dégage et lui assène un coup de boule aussi affuté qu’un coup de sabre sur la pointe du crane. NKM s’en va tout sourire, comme si de rien, suivie des caméras. « On a eu chaud », lâchera-t-elle de retour à son QG. Bon résumé.