La page Facebook du « New Yorker » a été provisoirement fermée à la suite de la mise en ligne d’un dessin de presse, pourtant loin d’être olé-olé.
En février 2011, un artiste danois se faisait mettre temporairement à la porte de Facebook pour avoir choisi comme photo de profil sur sa page Facebook le tableau L’Origine du monde de Gustave Courbet. La représentation, en gros plan, d’un sexe de femme n’avait pas plu au réseau social.
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Rebelote un an plus tard, avec, cette fois-ci, un dessin de presse de Mick Stevens que le magazine américain The New Yorker a mis en ligne sur sa page Facebook, et qui représente Adam et Eve assis au pied d’un pommier.
Qu’a-t-il de choquant me direz-vous ? Eve y est représentée seins nus, ce qui a, apparemment, suffi à contrevenir aux règles établies par Facebook :
Facebook ne permet pas la publication de contenus pornographiques et impose certaines limites sur l’affichage de contenu avec nudité corporelle. Nous souhaitons bien entendu respecter le droit que chacun devrait avoir de publier des contenus importants, qu’il s’agisse d’une sculpture du David de Michel-Ange ou de la photo d’un bébé contre le sein de sa mère.
Le réseau social mentionne également dans sa Déclaration des droits et responsabilités :
Vous ne publierez pas de contenu incitant à la haine ou à la violence, pornographique, ou contenant de la nudité ou de la violence gratuite.
Au vu du caractère très flou des règles édictées par Facebook concernant la publication de contenus choquants, dur dur de savoir ce que l’on a le droit de publier ou pas sur sa page. A moins que l’on ait lu le document distribué aux équipes qui surveillent la nature des contenus publiés sur le réseau social que s’est procuré le magazine en ligne américain Gawker en février dernier. Serait, entre autres, interdit :
La nudité de certaines parties privées incluant les mamelons féminins gonflés et les fesses. Les mamelons masculins sont OK.
Le dessin de Stevens ne répond effectivement pas aux critères (absurdes) du réseau social décrit dans ce document que Gawker présente comme officiel. Résultat : la page Facebook du New Yorker a été temporairement fermée lundi soir.
Même si la page a depuis été rouverte, le dessin n’y figure plus. Sur le site du magazine, Robert Mankoff, rédacteur en chef des dessins de presse, se moque de l’affaire dans un article titré « Nipplegate« . Il y raconte que le dessinateur, « espérant revenir dans les bonnes grâces de Facebook (…), a refait le dessin. Mais l’ajout de vêtements en annule tout l’humour« .
Le second degré n’est pas passé auprès de tout le monde. Gawker n’a pas saisi l’ironie de Mankoff, et a vraiment cru que Mick Stevens avait proposé une nouvelle version de son dessin à l’entreprise de Mark Zuckerberg :
Après la fermeture de la page, le dessin a été refait par son auteur, Mick Stevens, afin de représenter un couple habillé, bien que « l’ajout de vêtements en annule tout l’humour » comme l’a expliqué Mankoff.
La rubrique Daily Intel du magazine New York a commis la même erreur dans son article sur l’affaire.
Reste que, derrière cette histoire de seins, se cache une atteinte à la liberté d’expression, comme le rappelle Robert Mankoff :
Notons que le renflement des mamelons féminins (…) est un problème potentiellement sérieux, qui n’a pas encore de remède, et n’a également pas de victimes connues. Si l’on ne prend pas en compte la liberté d’expression, le bon sens, et l’humour.
De son côté, Facebook parle d’erreur. « Dans notre volonté de garantir la sécurité du site, nous avons bloqué un dessin par erreur. Nous avons travaillé à réparer cette erreur dès qu’on nous en a informé » a expliqué un porte-parole de Facebook au journal américain Daily News. Mais ce n’est pas la première fois que le réseau social commet ce genre de bourdes.
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